En continu

Le gouvernement cambodgien accuse plusieurs médias d’être des «instruments» de l’opposition

Le gouvernement cambodgien s’en est pris à plusieurs médias qu’il accuse d’avoir servi les intérêts de l’opposition durant la campagne électorale.

Lors d’une intervention mercredi devant quelque 1500 représentants des ministères et des institutions gouvernementales, Sok An, le vice-Premier ministre  a déclaré que deux radios, Radio Free Asia et Voice of America était des « instruments politiques au service des intérêts du parti de  l’opposition ».

Plus vigoureux encore le dernier communiqué de l’Unité de réaction rapide du Conseil des ministres précise «  Le Parti du sauvetage national du Cambodge été soutenu par deux radios étrangères Voice of America et Radio Free Asia qui diffusent en langue khmère. Avant et après les élections ces deux radios, directement soutenues par un gouvernement étranger ont diffusé de fausses informations en violation de l’éthique professionnelle des médias. Elles sont les instruments politiques au service de l’opposition  et beaucoup de leurs informations sont fabriquées et manipulées ».

Les deux radios ont rejeté ces accusations, l’un des responsables de RFA soulignant que ce communiqué était « le dernier d’une série d’actions visant à intimider la presse libre et indépendante et le journalisme au Cambodge ».

Ces attaques contre la presse ont

eu lieu à l’occasion de la réponse du gouvernement au rapport sur les élections législatives de juillet dernier rédigé par l’Alliance pour la réforme électorale (ERA en anglais) ,  regroupant des observateurs indépendants et un faisceau d’ONG dont Transparency International, la Comfrel, l’Institut national démocratique, la Licadho…

Le gouvernement vient en effet de rejeter ce rapport.

Selon l’agence AKP, l’agence de presse du gouvernement cambodgien, « le vice-Premier ministre Sok An a déclaré que ce rapport était fait pour déformer la vérité, mentir à des milieux nationaux et internationaux, et satisfaire les politiciens du Parti d’opposition seulement ».

L’agence gouvernementale ajoute également : « Le vice-Premier ministre cambodgien a aussi expliqué aux participants la situation politique réelle au Cambodge et le processus électoral, qui s’est tenu de manière libre, juste, équitable et transparente. »

 

D’autres médias visés dont la presse anglophone

 

La version anglaise de la dépêche AKP, beaucoup plus détaillée, réfute, entre autres, l’un des arguments de l’ERA qui estimait que la couverture médiatique des élections avait largement favorisé le parti au pouvoir. « Le rapport oublie délibéremment de mentionner Facebook ou Youtube qui ont été utilisés par les militants du CNRP pour disséminer de fausses informations afin de semer des troubles dans la société. »

 « De  plus, le CNRP  s’est exprimé plusieurs heures par jour au travers de radio Beehive, radio Mohanokor, Women’s Radio, Voice of Democracy, VOA, RFA, ainsi que le Phnom Penh Post, le Cambodia Daily, Moneaksekar Khmer et Nokor Thom, qui ont diffusé et publié des informations négatives discréditant le gouvernement et le Parti du peuple cambodgien. ».
« Durant le mois de la campagne pour les législatives, la Commission électorale a alloué aux chaines de télévision et aux radios, un temps d’antenne identique à tous les partis », conclut l’agence AKP.


Krystel Maurice