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Mystère autour de la contamination par le sida d’un village cambodgien

Le site internet de l’Autorité nationale de lutte contre le sida fait état de 75 personnes contaminées au 17 décembre. Depuis, les chiffres ont été réévalués.

A ce jour, au moins 106 personnes ont été infectées par le virus du sida dans la commune de Roka (district de Sangke, province de Battambang) depuis un premier test effectué le 8 décembre. Un drame sans précédent au sujet duquel les autorités sanitaires cambodgiennes continuent de s’interroger.

Le 8 décembre, deux personnes avait été contrôlées positives lors d’un test de routine effectué dans un dispensaire. La nouvelle s’était répandue comme une trainée de poudre et des centaines d’habitants, pris de panique, s’étaient rendus à leur tour au centre dans les jours qui ont suivis.
Mardi, Teng Kunthy, responsable de l’Autorité de lutte contre le sida au Cambodge expliquait à l’AFP que « sur 556 personnes testées, 72 sont ressorties positives aux tests du VIH» (lire ici).
Mais hier en fin d’après-midi, après de nouveaux tests effectués, ces chiffres officiels étaient revus à la hausse. Sur les 2706 habitants de la commune, 895  ont été contrôlés et 106 sont infectés, selon l’Autorité nationale de lutte contre le sida.

Une situation extrêmement rare, non seulement parce qu’elle survient dans un même village, mais aussi en raison du fait que les personnes infectées sont aussi bien des enfants que des personnes âgées. Le plus jeune a trois ans, le plus âgé 82 ans.
En matière de lutte contre le sida, le Cambodge fait pourtant plutôt figure de bon élève et se rapproche de la prévalence zéro, un objectif que le pays s’est fixé pour 2020. Le taux de prévalence chez les adultes de 15 à 49 ans est en effet passé de 1,7 % en 1998 à 0,6 % en 2013 et 0,4 % en 2014.

 

Investigations

 

Mardi, les autorités soupçonnaient que des injections auraient pu être pratiquées avec des aiguilles usagées, une hypothèse pourtant écartée hier par le directeur du département de la santé de Battambang.
La contamination ne s’est pourtant pas propagée en une nuit et des investigations sérieuses devront être menées pour identifier les raisons de ce désastre.
Une partie du village accuse Yem Chroeum, un homme qui faisait office de “médecin” depuis des années sans pour autant être diplômé. Une situation qui est loin d’être une exception au Cambodge, et contre laquelle les autorités n’ont jamais lutté à l’exception de quelques déclarations de façade.
Selon les habitants qui jusqu’ici appréciait ses services et ses tarifs peu élevés, Yem Chroeum a souvent pratiqué des injections, de glucose ou d’autres produits qui restent à identifier. Il serait actuellement entendu par la police de la province.
Dans le village où officiels et responsables d’associations se sont précipités hier pour apporter leur soutien aux habitants paniqués, désespérés, et en colère, le cauchemar se poursuit.

 

Krystel Maurice