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Les moines priés par leurs hiérarchies de ne pas participer à la manifestation du 7 septembre

Manifestation de l'opposition le 24 juillet 2013 à Siem Reap. Photo Krystel Maurice

La manifestation appelée samedi matin à Phnom Penh par l’opposition sera non violente et pacifiste. Mais dans sa forme, ce sera  une «cérémonie de prières et de méditation», a expliqué Sam Rainsy, le leader du Parti du Sauvetage national du Cambodge (CNRP)  lundi lors d’une conférence de presse.

Cette nouvelle tactique, dans l’ensemble favorablement accueillie par ses supporters, ne fait cependant pas l’unanimité, comme en témoignent certains messages exprimés par les réseaux sociaux.

Les uns s’interrogent sur l’efficacité d’une cérémonie de prières prévue pour durer trois heures, d’autres regrettent que le parti ait abandonné l’idée de mettre en œuvre les pratiques de désobéissance civile, d’autres enfin redoutent que l’opposition ne soit en train de faiblir face à un gouvernement qui, lui,  ne cède rien.

 

Quand manifestation rime avec crime

De leur côté, les trois plus hauts responsables religieux ont demandé aux moines de ne pas participer à la manifestation. «Évitez de participer à des manifestations en relation avec  les élections qui affectent les droits, la liberté, la tradition, l’ordre et la sécurité de la société»,  souligne leur communiqué commun. Pour la hiérarchie, se joindre à la manifestation équivaut à commettre un crime. « Un individu qui tue ou importune son frère n’est pas un prêtre», affirment-ils.
Pour autant, respecteront-ils cet ordre ? Pas si sûr.

Les consignes données aux manifestants par les leaders de l’opposition sont pourtant très strictes. Ils ont expressément été invités à laisser dans leurs placards tout objet qui pourrait servir d’arme et devront se contenter d’apporter bougies, encens ou fleurs.

L’objet de cette manifestation est de réclamer la mise en place d’une « commission d’enquête conjointe indépendante afin de résoudre les irrégularités »  du scrutin des élections législatives du  28 juillet. rappelle le communiqué publié samedi.« Le CNRP dément catégoriquement les allégations sans fondement, selon lesquelles la manifestation du 7 septembre  non violente et pacifique vise à renverser le gouvernement ».

 

Guide de bonne conduite

Pour la première fois dimanche, 700 supporters du parti ont reçu une formation censée leur permettre de répondre pacifiquement à une intervention des forces de police. Une autre session est prévue aujourd’hui.

« Je pense que l’on rejettera sur nous la responsabilité des violences qui pourraient arriver », a insisté Yim Sovann, porte parole du CNRP.
Un guide de bonne conduite en 17 points a donc été publié. Il y est demandé de s’abstenir d’apporter couteaux, cailloux et autre objets dangereux mais aussi de surveiller ses écarts de langages et ne pas inciter à la haine raciale.
«  Le CNRP ne verra à aucun moment sa responsabilité engagée envers les  manifestants qui enfreindraient ce code éthique, Il en sera de même pour tout manifestant qui contreviendrait à la loi », précise un communiqué du parti.

Dimanche,  au moment même où les militants de l’opposition écoutaient ces recommandations, quelque 2000 membres de la police anti-émeute équipés de canons à eau continuaient sur la presqu’ile de Koh Pich,  de s’entrainer à prévenir tout dérapage de la manifestation.

Deux jours plus tôt, le roi Norodom Sihamoni avait pour la seconde fois demandé à la population de conserver « calme et dignité » « L’histoire montre que les divisions de notre nation ont apporté beaucoup de souffrances. La résolution des problèmes du pays doit s’appuyer sur la constitution et être menée par les institutions concernées en conformité avec la constitution et la loi » écrit t-il dans un communiqué rédigé de Pékin où il se trouve depuis le 12 juillet.

 

Krystel Maurice