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Dénonciation de la corruption en Thaïlande: les deux journalistes du Phuketwan acquittés

Poursuivis pour avoir dénoncé le trafic humain dans le sud de la Thaïlande, Alan Morison et Chutima Sidasathian, journalistes à Phuketwan, ont été acquittés aujourd'hui.

Assignés en justice pour avoir dénoncé la corruption en Thaïlande, l’Australien Alan Morison et sa consœur thaïlandaise Chutima Sidasathian, les deux journalistes du site d’information Phuketwan ont été acquittés aujourd’hui par le tribunal de Phuket. Ils étaient poursuivis pour diffamation et violation de la Loi sur les crimes informatiques par la Marine royale thaïlandaise pour avoir dénoncer le trafic humain dont étaient victimes les membres de la communauté rohingya dans le sud de la Thaïlande. Ils risquaient sept ans de prison.

Ils avaient été inculpés en décembre 2013 pour avoir cité, dans un article du 17 juillet publié sur le site,  un passage d’une enquête de l’agence Reuters. Cet extrait de Reuters affirmait que certains membres des forces navales thaïlandaises seraient payés par les trafiquants pour fermer les yeux sur le passage clandestin de réfugiés rohingyas.

L’agence Reuters qui, en avril 2014, a reçu le prix Pulitzer pour cette enquête, a été menacée de procès mais n’a finalement pas été inquiétée par les autorités thaïlandaises.

Le tribunal de Phuket a considéré aujourd’hui que le passage de l’article cité n’était pas diffamatoire dans la mesure où il ne constituait pas une attaque personnelle mais servait au contraire l’intérêt public.

A l’issue de l’audience les deux journalistes, radieux et soulagés de voir « le cauchemar s’achever » se sont félicités du jugement: « La cour a parfaitement fait son devoir et a appliqué la loi à la lettre. C’est un bon point pour la liberté d’expression des médias thaïlandais, étrangers, et la population. Et aussi une issue positive pour les poursuites qui pourront avoir lieu au nom de la loi sur les crimes informatiques.», a déclaré Chutima Sidasathian.

Ces accusations avaient été vivement condamnées par les médias et les défenseurs des droits de l’homme. «  C’est un petit pas dans la bonne direction», a commenté Josef Benedict de Amnesty International, soulignant cependant que les deux journalistes n’auraient pas jamais dus être poursuivis et risquer plusieurs années de prison. «  C’est juste le dernier épisode d’une longue série d’attaques contre la liberté d’expression et contre les médias depuis que la junte a pris le pouvoir en 2014 ».

 

Krystel Maurice