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Au Cambodge, Sam Rainsy confronté à de nouveaux tracas judiciaires

Sam Rainsy, (au centre) entouré de Kem Sokha, n°2 du parti et de plusieurs députés de l'opposition à Manille. Photo Page Facebook de Sam Rainsy

Sam Rainsy, le chef de l’opposition cambodgienne a été accusé hier par le tribunal de Phnom Penh de  « complicité de faux documents publics, usage de faux et incitation à de graves troubles sociaux les 12 et 13 août » pour un message posté en août sur sa page Facebook qui avait conduit à l’arrestation du sénateur franco-cambodgien Hong Sok Hour.
La cour a émis une citation à comparaître contre Sam Rainsy qui devra se présenter pour être entendu le 4 décembre, faute de quoi, est-il précisé, un mandat d’arrestation sera lancé contre lui.

En août dernier, Hong Sok Hour, sénateur du Parti du Sam Rainsy (PSR), avait été accusé de « trahison » par le Premier ministre Hun Sen pour avoir posté sur la page Facebook de Sam Rainsy, une vidéo montrant un «faux traité» supposé avoir été conclu entre le Vietnam et le Cambodge à propos de la frontière entre les deux pays. Il est en détention préventive depuis cette date.

Ces nouvelles charges contre Sam Rainsy ne constituent pas en soi une surprise. Lors de sa récente visite officielle à Paris au cours de laquelle une convention d’extradition entre la France et le Cambodge a été signée, le Premier ministre Hun Sen avait en effet déjà menacé le leader de l’opposition d’avoir des comptes à rendre devant la justice dans le dossier concernant Hong Sok Hour. Il reste que ces nouvelles accusations viennent hypothéquer encore un peu plus le retour de Sam Rainsy au Cambodge dans un futur proche.

Un mandat d’arrestation a en effet été lancé contre lui le 13 novembre afin qu’il purge une peine de prison de deux ans suite à une plainte en diffamation du ministre des affaires étrangères Hor Namhong qui remonte à 2008.
Cette année-là, Hor Namhong, le ministre des affaires étrangères, avait déposé une plainte contre Sam Rainsy qui l’avait accusé de diriger le camp de prisonniers de Boeung Trabek  sous les Khmers rouges. Trois ans plus tard, en 2011, tandis que Sam Rainsy qui possède la nationalité française était en exil en France pour échapper à une autre condamnation, le tribunal l’avait condamné par contumace à une peine de deux ans de prison et à une amende de 2000 $.
Gracié par le roi en 2013, Sam Rainsy était revenu au Cambodge en juillet 2013. Aujourd’hui le gouvernement affirme que cette grâce ne couvrait pas cette affaire.

 

« Il n’y a eu aucune pression politique »

Jeudi, Hor Namhong a cru bon de convoquer une douzaine d’ambassadeurs et de représentants de l’ONU pour se dédouaner. «  Je n’ai rien demandé à mon avocat. Il n’y a eu aucune directive de ma part, ni de celle de Hun Sen. Nous avions oublié cette affaire et j’ignorais ce qu’allait faire mon avocat jusqu’à ce que ce mandat d’arrêt soit lancé. Il n’y a donc eu aucune pression politique »

Lundi, Sam Rainsy s’était vu retirer son mandat de député ainsi que son immunité parlementaire par le Comité permanent de l’Assemblée nationale. Un vote auquel seuls les membres du Parti du peuple cambodgien avaient participé.

De Manille, où il assiste actuellement à une rencontre des pays de l’Asean, Sam Rainsy n’a pas expliqué quelle sera la stratégie de son parti face aux attaques du pouvoir et à cette nouvelle citation à comparaître. « Cela peut sembler paradoxal mais c’est une bonne nouvelle pour moi : plus la cour contrôlée par le CPP devient clownesque, plus j’obtiendrai des soutiens dans la recherche d’une justice pour toutes les victimes de la récente répression politique au Cambodge. Pour l’heure je ne jouerai pas avec ces clowns !», écrit-il dans un courriel cité par le Cambodia Daily dans son édition d’aujourd’hui.

Hier, il avait déclaré sur sa page Facebook qu’il refusait de présenter des excuses au ministre des affaires étrangères Hor Namhmong :«  C’est lui qui devrait s’excuser auprès des victimes et des familles de victimes tuées par les Khmers rouges au camp de Boeung Trabek à la fin des années 70 parce qu’il s’est comporté comme un kapo et les a dénoncées à leurs tortionnaires et à leurs assassins ».

 

Krystel Maurice