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Des centaines de Chinois entrent au Cambodge pour fuir les violences au Vietnam, selon la police cambodgienne

Des centaines de ressortissants Chinois seraient entrés au Cambodge hier afin d’échapper aux violences anti-chinoises au Vietnam, selon la police cambodgienne, citée par l’agence Reuters.

« Hier plus de 600 Chinois ont passé la frontière à Bavet pour entrer au Cambodge » a déclaré Kirt Chantharith, le porte- parole de la police cambodgienne. « Une centaine d’entre eux sont restés à Bavet, les autres sont des hôtels ou des guesthouses de Phnom Penh », a t- il indiqué. Ils retourneront au Vietnam ou iront ailleurs lorsque la situation se sera améliorée ».

 

Au moins 21 morts dans le centre du Vietnam

 

Selon l’Agence Reuters, citant le témoignage d’un médecin, les violences se seraient propagées jusque dans le centre du Vietnam mercredi.
Au moins 21 personnes auraient été tuées dans la nuit de mercredi dans la province de Ha Tinh, cinq vietnamiens et 16 Chinois. Selon les medias vietnamiens, seul un Chinois aurait été tué.

Selon ce médecin, une centaine de personnes auraient  été hospitalisées cette nuit à l’hôpital général Ha Tinh. D’autres encore ont dû être hospitalisées ce jeudi matin.

Mardi, des milliers de Vietnamiens avaient mis le feu et pillé plus d’une dizaine d’usine à capitaux étrangers, chinoises mais aussi taïwanaises et sud-coréennes, dans des zones industrielles de la province de Binh Duong, près de Ho Chi Minh-Ville, dans le sud du pays. Une éruption de rage sans précédent depuis des décennies, après le déploiement par Pékin d’une plateforme pétrolière dans des eaux revendiquées par Hanoï.
La Chine a exprimé ses «graves inquiétudes» après ces incendies doublés du pillage d’usines et bureaux d’entreprises estampillées «chinoises» lors de ces incidents.

Les exportations de biens de production sont un pilier de l’économie, avec des entreprises comme le géant de l’électronique sud-coréen Samsung ou les Américains Nike ou Adidas implantés au Vietnam. Des entreprises taïwanaises, japonaises et sud-coréennes ont suspendu leur activité mercredi, plaçant des drapeaux vietnamiens devant leurs bâtiments pour tenter de se protéger, selon VNExpress.

Taïwan a condamné les violences et a demandé au Vietnam d’assurer la sécurité de ses ressortissants. «Nous appelons les Vietnamiens à se maîtriser et à ne pas commettre d’actions violentes et irrationnelles, car cela aurait des conséquences sur la volonté des hommes d’affaires taïwanais à investir», a mis en garde le chef de la diplomatie David Lin.

Une plateforme pétrolière au cœur des tensions

 

L’Association des Nations d’Asie du sud-est (Asean) avait fait part la veille de sa «grande préoccupation» à propos des disputes territoriales en mer de Chine méridionale. Chine et Vietnam ont des différends de longue date sur les archipels des Paracels et des Spratleys, dont les fonds sont supposés riches en pétrole et qui constituent d’importantes voies maritimes internationales.

Les tensions bilatérales ont fortement augmenté depuis l’annonce, début mai par Pékin, du déploiement d’une plateforme de forage pétrolier en eau profonde dans les eaux contestées, un acte décrit par les Etats-Unis comme «provocateur». Le Vietnam a dénoncé une décision «illégale» et exigé que la plateforme soit retirée. Hanoï a aussi envoyé des navires dans la région. Certains auraient été attaqués par des navires chinois.

Dimanche, un millier de personnes avaient manifesté devant l’ambassade de Chine à Hanoï pour protester contre les ambitions territoriales de Pékin. Des dizaines de manifestations antichinoises ont eu lieu depuis fin 2007 au Vietnam, mais sans atteindre cette ampleur.

Selon des experts, le gouvernement vietnamien permet certaines manifestations comme un moyen d’exprimer son extrême mécontentement envers Pékin. «C’est une bonne leçon pour l’Etat», qui a autorisé les manifestants à exprimer leur colère sur ce sujet, mais s’est laissé déborder», analyse l’historien Duong Trung Quoc. Car, au-delà de ce dossier, la colère des manifestants est plus large et met en porte-à-faux «un régime qui ne fait pas preuve de “leadership”» face à la Chine sur ce dossier, analyse Adam Fforde, de l’université australienne de Victoria.

K.M ( Avec agences)