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Mort de Norodom Sihanouk: sept jours de deuil national

A Phnom Penh, des milliers de Cambodgiens s’apprêtaient mercredi à accueillir la dépouille de Norodom Sihanouk © Khmer Sovannaphumi Facebook

Accompagné par son fils, le roi Sihamoni, mais aussi par le premier ministre Hun Sen et des membres du gouvernement, le corps de l’ex-roi Norodom Sihanouk sera rapatrié à Phnom Penh le 17 octobre où des milliers de Cambodgiens commenceront de lui rendre hommage.

Sihanouk, qui a épousé les soubresauts de son pays pendant un demi-siècle, depuis « l’âge d’or » des années 50 et 60 jusqu’à la guerre civile en passant par la terreur des Khmers rouges, s’est éteint lundi à Pékin où il était soigné depuis des années pour un cancer. Il avait  abdiqué en 2004 en faveur de son fils Sihamoni.

Sa décision la plus controversée restera son alliance avec le régime de Pol Pot. Après le putsch pro-américain du maréchal Lon Nol qui l’avait chassé du pouvoir en 1970, il avait en effet soutenu les Khmers rouges depuis son exil chinois.

A leur prise du pouvoir en 1975, il était même devenu leur éphémère chef d’Etat, avant d’être forcé à la démission l’année suivante et d’être placé en résidence surveillée jusqu’à la prise de Phnom Penh par les Vietnamiens en 1979. Deux millions de Cambodgiens périrent dont une quinzaine de membres de la famille de  Sihanouk.

Au Cambodge, un deuil national de sept jours débutera mercredi. Durant ces sept jours, les drapeaux seront en berne et les Cambodgiens devront porter des vêtements blancs ou des rubans noirs. Le gouvernement a interdit les émissions de divertissement à la télévision et à la radio et les concerts prévus cette semaine ont été reportés. Des films réalisés par le roi cinéaste et les chansons populaires qu’il a composées sont dores et déjà diffusés régulièrement sur les ondes.

La dépouille du roi-père sera  exposée au Palais royal durant trois mois au cours desquels public, dignitaires et officiels sont invités à venir lui rendre un dernier hommage. Le corps sera incinéré au terme de ces trois mois, sur l’esplanade royal à une date qui, à ce jour, n’a pas été précisée.
Ses cendres seront ensuite conservées dans une urne en or qui sera placée dans un stupa à l’intérieur du Palais, selon les traditions de la famille royale cambodgienne.

De Paris à Washington en passant par Pékin et Pyongyang, de nombreux chef d’Etat lui ont déjà  rendu hommage. Le Premier ministre Hun Sen, homme fort du pays depuis 1985, a salué un monarque « remarquable et incomparable » qui restera dans la mémoire de ses sujets « pour l’éternité » dans un courrier adressé à sa veuve Monique et à son fils, Norodom Sihamoni.
Le président François Hollande, exprimant sa « profonde tristesse », a rendu hommage à « l’artisan de l’Indépendance du Cambodge, infatigable défenseur de son pays au sein de la communauté internationale. Sihanouk était, pour beaucoup, le symbole d’une politique asiatique faite d’équilibre et de défense de la souveraineté des Nations ». Il a également salué « l’ardent défenseur de la culture francophone, de sa langue, de ses arts ».