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Mékong: le poids de la pêche dans l’économie du bassin inférieur

Retour du marché sur les bords du Mekong au Laos. Photo Krystel Maurice

L’industrie de la pêche dans le bassin inférieur du Mékong est estimée à 17 milliards de dollars par an, selon une étude publiée en décembre par la Commission du Mékong( RMC). C’est dire son importance dans les quatre pays concernés, le Cambodge, le Laos, le Vietnam et la Thaïlande.

Cet organisme intergouvernemental est chargé de développer, coordonner et gérer le partage des ressources dans une perspective de développement durable. Il n’a cependant qu’un rôle consultatif.

Au total, les pêcheries représentent 3% du PIB total des quatre pays et 13% de l’ensemble du marché international qui devrait se situer autour de 130 milliards de dollars pour l’année 2015.

 

18% du PIB du Cambodge

Pour les deux pays les moins développés que sont le Cambodge et le Laos, l’industrie génère respectivement 3 milliards de dollars et 1,5 milliard. Mais son rôle dans l’activité économique y est beaucoup plus important qu’au Vietnam ou en Thaïlande, puisque qu’il représente respectivement 18% du PIB du Cambodge et presque 13 % du PIB du Laos.

De quoi apporter de l’eau au moulin des scientifiques qui réclament un moratoire sur la construction des barrages au Laos. Ils estiment que les bouleversements de l’écosystème et ses conséquences sur les 68 millions de riverains du bassin inférieur du Mékong doivent être davantage mesurés, tant du point de la sécurité alimentaire que de l’emploi (5 millions de personnes) et des risques de conflits sociaux. Une position à laquelle le Laos reste farouchement opposé, escomptant tirer profit de sa production d’hydro-électricité qu’elle entend revendre à ses voisins.

 

Le bon de l’aquaculture

En 2015, 4,4 millions de tonnes de poissons ont été pêchées dans la région, dont 2, 3 millions proviennent de l’aquaculture.

Sur les 17 milliards de dollars générés par cette industrie dans les quatre pays, la capture de poissons sauvages représente 11,15 milliards de dollars (2,8 milliards de dollars pour le Cambodge, 1,3 milliard pour le Laos, 6,4 milliards pour la Thaïlande et 0,8 milliard pour le Vietnam).
L’aquaculture connaît un essor trois fois plus rapide que dans le reste du monde. Le Vietnam en le principal producteur avec 90% de la production de la région d’une valeur de 4,98 milliards de dollars.
Au Cambodge, si cette production reste modeste (239 millions de dollars en 2015), elle a cependant doublé au cours des cinq dernières années.

C’est également au Cambodge que les produits de la pêche procurent à la population la source la plus importante de protéines animales consommées, soit 80% (contre 50 à 60% dans les pays voisins et 17% dans le monde), avec une consommation annuelle de 59 kg par habitant.

 

Krystel Maurice