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Inondations au Cambodge: l’aide aux victimes peine à arriver

Photo Krystel Maurice

Si les inondations au Cambodge ne sont plus à la une des médias nationaux et internationaux, la situation reste insupportable pour des milliers de victimes.
Dans les villes, l’eau a disparu, les transports fonctionnent normalement et tous les sites touristiques sont accessibles. Mais à la campagne, des milliers de personnes ont fui leurs maisons et campent toujours au milieu de nulle part, dans l’attente des secours.

Combien ? Il est encore difficile de le dire. Au total 247 personnes ont trouvé la mort depuis août et selon le gouvernement, 350 000 familles ont été affectées. L’ONU avance le chiffre de 1,2 millions de personnes concernées sur une population de près de 15 millions, les trois quart du pays ayant été submergés par les eaux. Parmi elles, 240 000 personnes ont été déplacées, estimait  vendredi la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Mais ces chiffres sont provisoires, car de nombreux secteurs restent coupés du monde. « Nous faisons ce que nous pouvons en apportant une aide matérielle collective mais il nous est impossible de toucher toutes les familles individuellement », reconnait Sen Jeunsafy, le porte-parole de l’ONG Save the Children au Cambodge.

Les secours placés sous contrôle du gouvernement restent désorganisés et peu efficaces. Les ONG découvrent ici ou là, des centaines de personnes livrées à elles mêmes depuis des jours, voire des semaines.

Ainsi John Macgregor, directeur de la communication de  l’association Cambodian War Amputees Rehabilitation Society, qui, en compagnie de deux médecins, s’est rendu la semaine dernière dans les districts de Sangke et Moung Russei, dans la province de Battambang, pour y apporter nourriture, médicaments et soins. Il décrit une véritable « mer intérieure » d’où seules quelques bandes de terres émergent. « Pour se rendre d’une  ile à l’autre, il nous a fallu une heure à bord d’un puissant bateau à moteur ». «  Sur chacune d’elles, des milliers de réfugiés s’entassent dans la boue, sous des bâches en plastique». Tout autour le bétail qu’ils ont tenté de sauver, vaches, porcs et poules. « Des bouses recouvrent le sol, il fait chaud et humide, l’incubateur idéal pour la propagation des maladies endémiques».

La plupart des enfants ont la diarrhée. Pneumonie, dengue, parasites,  fièvres et problèmes de peaux sont omniprésents, affirme John Macgregor. En une semaine les deux médecins de l’association  ont traité 1700 patients. Vendredi dernier, dans le village de Ta Phon ils ont diagnostiqué les premiers cas de cholera chez quatre enfants.
La semaine dernière, à la lisière de la province de Battambang et de Banteay Meanchey, l’association a découvert un campement de 252 familles dont personne n’avait entendu parler jusqu’à présent. D’origine laotienne, elles vivent dans le village de Poi Tasek sur le territoire de la commune de Boueng Preng. «  Elles étaient assises là, au milieu de la boue, depuis des semaines et tous les enfants étaient malades », s’insurge Macgregor.

A l’heure actuelle, l’OMS ne signale pourtant aucun problème particulier d’affection liée aux inondations. Et officiellement, la province de Battambang ne fait pas non plus partie des provinces les plus durement touchées, bien que sa partie orientale ait été submergée par les eaux du  Tonle Sap dès le mois d’août.

L’Ong Save The Children constate elle aussi de nombreux problèmes de santé des populations dans la province de Kompong Cham, l’une des gravement inondée : typhoïde, affections respiratoires, diarrhées, dengue, pneumonie…

A ces difficultés s’ajoutent également une autre menace, celle de voir les populations les plus pauvres ne plus être en mesure de se nourrir. 10% des récoltes de riz ont été totalement détruites, 265 000 hectares ont été endommagés et le prix du riz a d’ores et déjà augmenté de 12%, souligne la Fao. Cette institution a initié un programme d’aide d’urgence à destination de 60 000 personnes. Chaque famille concernée devrait recevoir 50 kg de riz.
Un autre programme d’assistance alimentaire, s’étalant sur une année complète, sera également mis en place pour aider les plus vulnérables. Il devrait toucher quelque 150 000 personnes.

Comme le redoute le porte-parole de Save The Children« Le pire pourrait bien être à venir ».

 

Krystel Maurice