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Libération conditionnelle pour Yorm Bopha

Yorm Bopha à la Cour suprême.

La Cour suprême du Cambodge a ordonné aujourd’hui la libération conditionnelle de Yorm Bopha, l’une des porte-paroles des expulsés du quartier de Boeng Kak, mais elle a renvoyé l’affaire devant la Cour d’appel.

Cette militante âgée de 30 ans et mère d’un garçon de 8 ans devrait donc sortir de la prison de Prey Sar dans l’après-midi, 444 jours après le début de sa détention, mais rien n’est pour autant réglé.

Au terme d’une heure et demi d’audience, Khem Ponh, l’un des cinq juges de la Cour a demandé à la Cour d’appel de mener des investigations complémentaires afin d’apporter de nouvelles preuves de sa culpabilité et de rejuger l’affaire.

Un verdict qui a provoqué des réactions mitigées. « Bien que la Cour me libère, elle considère que je suis toujours coupable et j’ai peur d’être à nouveau arrêté comme l’ont été Born Samnang et Sok Sam Oeun », a déclaré Yorm Bopha en référence aux deux boucs émissaires accusés du meurtre du syndicaliste Chea Vichea. « La cour aurait dû annuler toutes les charges retenues comme moi ».

Ham Sunrith, son avocat, a lui aussi exprimé son inquiétude quant à la suite de ce dossier.

« Nous sommes déçus de voir cette saga se poursuivre, a déclaré Rupert Abbott, d’Amnesty international. Elle n’aurait jamais dû être arrêtée ni emprisonnée. Son cas symbolise cette tendance à prendre les défenseurs des droits de l’homme pour cible en les empêchant de faire leur travail. »

Arrêtée en septembre 2012 au motif qu’elle avait fomenté l’agression de deux chauffeurs de tuk-tuk, Yorm Bopha avait été condamnée à trois ans de prison ferme le 27 décembre pour violences volontaires avec circonstances aggravantes.
Ce premier procès avait été vivement critiqué en raison du manque de preuves  à son encontre et de la fragilité des témoignages largement contradictoires.

Les associations de défense des droits de l’homme estiment que cette condamnation a peu  à voir avec les faits reprochés mais est en réalité motivée par son engagement contre les évictions forcées de terres. Pour Amnesty international, qui mène campagne pour sa libération sans condition, Yorm Bopha est une « prisonnière d’opinon ».

En juin dernier, la Cour d’appel a maintenu les chefs d’inculpation, ramenant sa peine à deux ans de prison ferme et un an avec sursis.
A deux reprises, la Cour suprême a également refusé sa libération conditionnelle, en dépit du fait qu’elle souffre de problèmes cardiaques nécessitant des soins réguliers.

Krystel Maurice