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Au Cambodge, le tribunal inculpe six défenseurs des droits de l’homme

Six défenseurs des droits de l'homme ont été inculpés de corruption dans une affaire à la tournure très politique à l'approche des élections.

Lundi, le tribunal de Phnom Penh a inculpé  pour corruption six défenseurs des droits de l’homme parmi lesquels un employé de l’ONU dans l’affaire des supposées relations extra-conjugales du n°2 de l’opposition.
Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire et risquent entre 5 et 10 ans de prison.

Accusés de subornation de témoin, quatre responsables de l’association de défense des droits de l’homme Adhoc – Ny Sokha, Nay Vanda, Yi Soksan et Lim Mony- ont été incarcérés à la prison de Prey Sar.
Ny Chakrya, un ancien membre de cette association, aujourd’hui secrétaire général adjoint de la commission nationale électorale (NEC) est quant à lui accusé de complicité de subornation de témoin. Il a été placé en préventive dans une autre prison.

Tous les cinq étaient interrogés depuis mercredi au quartier général de l’Unité anti-corruption. Ils sont accusés d’avoir incité Khom Chandaraty, une jeune coiffeuse, à nier être la maitresse de Kem Sokha, le numéro 2 de l’opposition (lire ici).

Sally Soen, un employé du Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU  a également été inculpé de complicité de subordination de témoin par le tribunal en son absence. Convoqué par l’Unité anti-corruption pour être interrogé, il ne s’était pas présenté, l’ONU ayant fait valoir qu’il était couvert par l’immunité diplomatique au titre de la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies de 1946. A l’heure actuelle, il est toujours en liberté.

Pour l’instant, on ignore à peu près tout des arguments avancés par la cour pour les inculper. Selon l’un des avocats de Adhoc, la somme de 204 $ que les responsables de Adhoc auraient remis à la jeune coiffeuse pour l’aider à couvrir ses frais dans cette affaire pourrait être en cause.

Dans un communiqué publié hier, 59 ONG parmi lesquelles la Licadho et  le Centre cambodgien pour les droits de l’homme condamnent vivement ces arrestations.  Ces associations dénoncent  « l’escalade des attaques du gouvernement  contre les défenseurs des droits de l’homme à l’approche des élections locales et nationales »  et considèrent que ces inculpations  constituent des « représailles  évidentes » contre les personnes visées en raison de l’aide qu’elles ont fournie dans un dossier politiquement sensible. « Cette affaire illustre de manière grotesque l’instrumentalisation du système judiciaire et des institutions d’état afin d’intimider, criminaliser et punir les activités légitimes des défenseurs des droits de l’homme », souligne le communiqué.

 

Krystel Maurice