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Koh Kong: du sable dans les rouages des forces de police

Des représentants des associations de défense des droits de l'homme sont arrêtés par les forces de la police provinciale de Koh Kong, le 2 septembre 2015. Photo Sorn Chandara

Dix-sept personnes parmi lesquelles des observateurs des droits de l’homme, des journalistes et un médecin, ont été arrêtées par la police de Kok Kong lors d’une manifestation pacifique réclamant la libération des trois membres de l’association écologiste Mother Nature.
Ces derniers ont été incarcérés le 17 août pour avoir organisé une campagne contre les extractions de sable dans l’estuaire de Andoung Tuek (lire ici).

Depuis, les autorités bloquent les petits groupes qui tentent de manifester et qui se sont installés sur un terrain de volley de la commune de Khemara Phoumint, situé près du tribunal de la province. Mardi, la mairie de la ville leur avait fixé un ultimatum: si le camp n’était pas évacué le lendemain soir les manifestants s’exposaient à des sanctions administratives.

Mais l’affaire a tourné court dès le mercredi matin, non pas dans le campement, mais devant le tribunal de la province. Une centaine de personnes impliquées dans un conflit foncier dont ils demandaient le règlement s’y étaient en effet réunies. Elles réclamaient également la relaxe des trois membres de Mother Nature. Encadré par des travailleurs de l’association des droits de l’homme Licadho, ce rassemblement pacifique se déroulait dans le calme. Jusqu’à ce qu’un autre groupe d’une soixantaine de civils, sorti dont ne sait où, débarque sur les lieux et tente de les déloger. Les forces de police sont alors intervenues, embarquant manu militari dix-sept personnes du premier groupe, dont des représentants de la Licadho et de Adhoc, le médecin, deux journalistes et un membre de Mother Nature.

Tous ont été libérés huit heures plus tard après été interrogés.

Dans un communiqué, les associations Adhoc, Licadho et le Centre communautaire pour l’éducation légale, se sont déclarés “scandalisés” par ces détentions «en réaction claire à trois semaines de manifestations pacifiques des supporters de Mother Nature ».  « Détenir des observateurs, des journalistes, un médecin et des manifestants est une nouvelle tactique du gouvernement pour intimider et faire taire les voix discordantes », a déclaré Naly Pilorge qui dirige la Licadho.

 

Krystel Maurice