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Six blessés lors de l’intervention des forces de police à Borei Keila

Une centaine de policiers, accompagnés des vigiles de Phnom Penh munis de barres de fer, ont délogé ce matin une poignée de femmes de la communauté de Borei Keila de l’immeuble inachevé qu’elles occupaient symboliquement depuis hier. Six personnes ont été grièvement blessées, selon la Licadho, dont une femme enceinte de sept mois.

Quelque 1700 familles du quartier de Borei Keila avaient été violemment expulsées de leur maison en 2012 par la société Phan Imex dont le projet était d’aménager 2,6 hectares dans ce secteur.
Un accord entre le promoteur et les familles avait pourtant été signé dès 2003, accord dans lequel la société s’engageait à reloger les familles dans les 10 immeubles qu’elle allait édifier.

Quatre ans plus tard, en 2007, la municipalité de Phnom Penh, qui présentait  ce projet comme un modèle de réaménagement urbain, avait rétrocédé les terrains au promoteur.

A ce jour, seul huit des dix immeubles promis sont achevés et moins d’un quart des familles ont effectivement été relogées. Un neuvième immeuble est sorti de terre il y a des mois mais Phan Imex affirme être financièrement incapable de mener les travaux à terme.

Un bon nombre de familles expulsées ont été parquées dans un camp de fortune, à une quarantaine de

kilomètres de la capitale, sans aucune opportunité d’emploi.
Seules 170 familles ont résisté et refusent toujours de quitter Borei Keila. Les unes vivent dans les baraquements qu’elles ont édifiées sur place, d’autres dans les cages d’escalier des immeubles où elles auraient dû être relogées.

De manifestation en manifestation, le plus souvent réprimées dans la violence, elles continuent de se battre pour que les autorités et la société respectent leurs promesses.

Mercredi 12 février, des représentants de la municipalité de Phnom Penh sont venus mesurer les parcelles qui, disait-ils, leur seraient  attribuées. Les familles ont découvert que ces parcelles ne mesuraient plus que quatre mètres sur trois, moins de la moitié de ce qui avait été promis. La colère est montée et une poignée de femmes a décidé d’occuper symboliquement le 9eme immeuble inachevé.

Vers 6h30 ce matin, les forces de polices et les milices civiles de la municipalité sont venus les expulser de la carcasse de l’immeuble. A coups de barres  de fer récupérées sur le chantier.

 

Krystel Maurice