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La première ministre thaïlandaise déchue Yingluck Shinawatra a été mise en examen jeudi et risque jusqu’à dix ans de prison pour négligence dans le dossier relatif au programme de subvention du riz mis en place pendant son mandat.
«Aujourd’hui, nous avons inculpé l’ancienne première ministre Yingluck Shinawatra (…) pour manquement à son devoir» en ce qui concerne le programme d’aide aux riziculteurs, a déclaré Chutichai Sakhakorn, de l’Office du procureur général, durant une conférence de presse. La cour suprême doit confirmer le 19 mars si elle se saisit de l’affaire. Et la junte envisage également de lancer une action civile pour réclamer 18 milliards de dollars de compensation, toujours pour ce programme de subvention du riz.
Yingluck Shinawatra, qui a été évincée par un tribunal peu de temps avant que l’armée ne s’empare du pouvoir en mai dernier, est depuis début janvier interdite de vie politique pendant cinq ans.
Elle n’était pas présente vendredi à la Cour suprême de Bangkok mais son avocat Norawit Larlaeng a indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de fuir le royaume, contrairement aux rumeurs. Cette dernière a toujours défendu sa politique de subvention aux riziculteurs, estimant qu’il s’agissait d’une subvention nécessaire pour aider les agriculteurs pauvres qui reçoivent historiquement peu d’aide du gouvernement. Toutefois, bien que populaire dans les bastions ruraux des Shinawatra, ce programme s’est révélé économiquement désastreux et a laissé au pays des stocks massifs de riz invendu.
Les experts estiment que ces poursuites contre Yingluck visent à éliminer durablement de la scène politique le clan des Shinawatras, Yingluck et son frère Thaksin, dont les partis ont remporté toutes les élections depuis 2001.
Depuis sa prise de pouvoir en mai, l’armée a interdit les rassemblements politiques, censure les médias, arrête les opposants et multiplie les poursuites en vertu de la loi controversée de lèse-majesté.
Interrogé jeudi à propos de l’interdiction de voyage à l’étranger de Yingluck, le chef de la junte Prayut Chan-O-Cha a déclaré aux journalistes que son régime était en droit d’imposer cette restriction et que ses pouvoirs en tant que chef de la junte était sans limites. «Je peux faire fermer les médias. Si quelqu’un commet un crime, je peux même l’arrêter et le fusiller. Mais je n’ai pas utilisé ces pouvoirs», a-t-il répondu devant la presse, visiblement irrité par une question sur l’extention de son autorité.
La Thaïlande, profondément divisée entre pro et anti-Shinawatra, est confrontée à une crise politique récurrente depuis le coup d’État de 2006 contre Thaksin Shinawatra. Accusé de corruption, celui-ci a pris la voie de l’exil depuis plusieurs années pour échapper à la prison.
(AFP)