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Vive réaction aujourd’hui du syndicat des patrons des usines textiles à l’annonce par le Bureau international du travail de la mise en place de nouvelles procédures visant à les contraindre à respecter les lois du royaume et les standards internationaux.
Ken Loo, le secrétaire général du GMAC ( Garment manufacturers Association in Cambodia) s’offre une pleine page dans le Cambodia Daily et le Phnom Penh Post pour «conseiller» ses adhérents sur la démarche à suivre lorsque le personnel du programme Better Factory Cambodia ( BFC) du BIT viendra contrôler leurs usines. «Le personnel de BFC qui voudra accéder aux usines pour faire des visites de contrôle devra être accompagné par un membre du gouvernement et/ou être en possession d’une lettre du gouvernement l’autorisant à pénétrer dans l’usine». Dans le cas contraire, les adhérents du GMAC sont libres de décider par eux-mêmes s’ils veulent ou non permettre l’accès aux contrôleurs du BFC, explique Ken Loo.
La semaine dernière, le Bureau international du travail (BIT) avait annoncé qu’à partir de janvier 2014, le programme BFC rendra public les noms des usines qui contreviendront aux lois du travail en vigueur dans le royaume et les informations relatives à ces manquements.
Jusqu’en 2005, les usines textiles du Cambodge étaient dispensées de taxe lorsqu’elles exportaient vers États-Unis. Mais en contrepartie, celles-ci se devaient de respecter les recommandations du programme Better Factories Cambodia visant à améliorer les conditions de travail des salariés.
Des centaines d’usines, pour la plupart détenues par des sociétés chinoises, se sont installées au Cambodge afin de bénéficier de cet avantage. Le secteur est devenu l’un des plus florissants du royaume et le principal employeur du pays avec quelques 450 000 personnes travaillant pour cette industrie.
En 2005, lorsque cet accord est devenu caduque, le BFC a cessé de publier ses rapports mais a poursuivi ses inspections.
Un retour en arrière de dix ans, accusent des chercheurs indépendants
Mais en février dernier, des chercheurs de l’École de droit de Stanford ont publié un rapport incendiaire contre le BFC. Ils y dénonçaient son manque de transparence et dressait un constat d’échec, la plupart des usines ignorant purement et simplement ses recommandations.
En conclusion, ces chercheurs soulignaient que les conditions de travail des employés avaient empiré et pouvaient être comparées à celles de la Chine, de l’Indonésie et du Vietnam, autant de pays qui n’ont jamais été sous la surveillance du Bureau international du travail. Quant aux salaires des Cambodgiens, ils étaient, à prix constant, moins élevés que dix ans auparavant.
Suite à ce rapport, le BIT a donc décidé de renforcer ses contrôles et de corriger son programme. Dès cette semaine ses contrôleurs ont été chargés de retrousser leurs manches et de vérifier, point par point, que les usines respectent les normes qu’elles ont accepté d’appliquer.
A défaut, elles auront trois mois pour se mettre en conformité. Si elles refusent, leur nom sera publiquement divulgué. Plusieurs marques de renom dont le groupe suédois H&M se sont dites favorable à ces mesures.
« Le BFC outrepasse son mandat »
Le respect des lois est du ressort du gouvernement, s’insurge aujourd’hui le secrétaire général du GMAC. « Le BFC outrepasse son mandat. Son rôle est de contrôler, pas de contraindre». Ken Loo lui reproche aussi de vouloir faire cavalier seul en édictant de nouvelles règles, sans se préoccuper de ses deux autres partenaires que sont les patrons d’usines et le gouvernement. « L’accord signé entre le GMAC, le gouvernement et le BIT stipule que toutes les parties doivent être impliquées dans les discussions et les décisions », affirme t-il.
Faux, rétorque Jill Tucker, conseiller technique en chef au BFC. « Le gouvernement n’a qu’un rôle de conseiller. Nous sommes indépendants et neutres et nous devons exercer librement, ce qui ne saurait être le cas si des représentants du gouvernement participent aux inspections. »
Sat Samoth, le sous-secrétaire d’état au ministère du travail, dit vouloir créer un groupe de travail regroupant tous les partenaires pour parvenir à une solution d’entente d’ici janvier.
Krystel Maurice