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Quelque 80 Cambodgiennes employées dans des usines textiles ont été blessées, dont cinq gravement, dans un accident survenu mercredi soir à Bavet alors qu’elles venaient d’achever leur journée de travail.
Un camion aurait tenté de doubler par la droite le véhicule dans lequel se trouvaient les ouvrières, le percutant par l’arrière. Nombre d’entre elles voyageaient debout. Chutant les unes sur les autres sous le choc, certaines ont perdu connaissance. Les deux chauffeurs ont pris la fuite.
Une fois de plus c’est la sécurité dans les transports des employées du textile qui est sur la sellette.
Au total, 4800 accidents ont eu lieu l’an dernier sur les routes du Cambodge faisant 2100 morts, la plupart en raison d’une vitesse excessive. Et sur ce nombre très élevé de victimes, 74 d’entre elles étaient des ouvrières du textile et 784 autres avaient été blessées sur le trajet les conduisant à leur usine.
Le 20 mai dernier, 19 ouvrières avaient trouvé la mort dans l’accident du minibus qui les conduisait à leur travail dans la zone économique de Bavet. Le minibus avait été littéralement broyé par un bus qui arrivait en face à grande vitesse et tentait de doubler un autre véhicule. Le procès lié à cette affaire vient d’ailleurs tout juste de s’ouvrir.
Dix syndicats du textile avaient alors réclamé la mise en place d’un réseau de transport sûr et gratuit pour acheminer les employées jusqu’aux usines.
Une indemnité de transport de 10 dollars par mois leur est actuellement versée. Mais compte tenu des maigres revenus dont elles disposent, elles n’ont souvent d’autres choix que de s’entasser dans des véhicules privés surchargés. Ainsi, le minibus accidenté en mai disposait de 15 sièges mais 39 passagers se trouvaient à bord, dont 37 ouvrières du textile employées dans cinq usines différentes de la zone économique.
Un fléau face auquel les autorités restent sourdes depuis des années. « Dans les textes de loi sur le travail, ni le gouvernement, ni les propriétaires d’usines, ne sont tenus pour responsables des accidents survenus sur le trajet, enrageait Dave Welsh, directeur au Cambodge du Centre américain pour la solidarité internationale du travail. Cela devrait être considéré comme un accident du travail ». Et d’ajouter: « Il n’est pas admissible qu’une industrie qui génère 6 milliards de dollars par an ne puisse garantir la sécurité des employés ».
De son côté, le ministère du travail soulignait : « S’attaquer à ce problème nécessite d’agir dans de nombreux domaines. Cela comprend notamment le renforcement des règles du secteur du transport, l’allocation d’indemnités de transport adéquates aux travailleurs, ainsi que des campagnes de sécurité routière à destination des transporteurs et des passagers. »
« Nous versons déjà des indemnités de transport mais si elles choisissent de ne pas les dépenser, nous ne n’y pouvons rien. Augmenter cette prime ne changera rien», rétorquait Ken Loo, secrétaire général de la Fédération cambodgienne des fabricants de vêtements (GMAC).
Pour sa part, l’Organisation internationale du travail avait alors proposé, via un communiqué, la mise en place de « mesures complètes et coordonnées au niveau national », impliquant toutes les parties afin de garantir la sécurité des transports.
Krystel Maurice