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Ratanakiri: l’ONU s’inquiète du sort de treize Montagnards demandeurs d’asile

Ils sont treize à se terrer dans la jungle du Ratanakiri au nord-est du Cambodge. Membres de la minorité Jaraï, ils ont fui leurs maisons situées sur les hauts plateaux du centre du Vietnam le mois dernier et réclament l’asile politique pour échapper aux persécutions du régime vietnamien. Ils redoutent d’être arrêtés par la police cambodgienne qui les recherche et réclament, depuis plusieurs jours, l’aide des Nations-Unis.

Ces Montagnards, comme les appelaient les ethnographes de l’Indochine française, vivent sur les hauts plateaux du centre du Vietnam, dans les provinces reculées de Kontum, Gia Lai et de Dac Lac. Répartis en une dizaine d’ethnies dont les principales sont les Jaraï, les Rhade, les Ba-na et les Co-Ho, beaucoup ont été convertis au protestantisme ou au catholicisme. Ces ethnies ont une longue tradition de résistance au pouvoir central. Rebelles du temps de l’Indochine, les Montagnards ont fini par se rallier à l’armée française avant de créer le Fulro (Front de libération des races opprimées) en 1964. Fer de lance du mouvement anticommuniste, ils collaboreront ensuite avec les Forces spéciales américaines durant la guerre du Vietnam. Depuis, ils n’ont cessé d’être en butte aux mauvais traitements infligés par les autorités de Hanoï.

En 2001 et 2004, nombre d’entre eux ont été condamnés à de lourdes peines de prison à l’issue de manifestations organisées pour revendiquer la restitution de leurs terres et le libre exercice de leur foi religieuse. Des centaines d’entre eux se sont alors enfuis dans les forêts du Cambodge, contraignant Hanoï, surpris par la révolte, à fermer la frontière. Au bout du compte, plus de 2000 ont trouvé asile à l’étranger, la plupart aux Etats-Unis.

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La semaine dernière, le chef de la police de la province du Ratanakiri déclarait que ce groupe de 13 personnes serait arrêté et renvoyé au Vietnam si le pays voisin l’exigeait. Compte tenu des relations étroites que le Cambodge entretient avec le Vietnam, ce scenario n’aurait rien d’extravagant.

Une mission commune ONU-gouvernement ?

C’est aussi ce que redoutent le Haut-Commissariat aux réfugiés et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.
Mardi soir, dans un communiqué publié à Genève, ces deux organismes se disaient vivement préoccupés par le sort de ces Montagnards. Ils rappelaient que le retour forcé de ce groupe vers le Vietnam constituerait pour le Cambodge une violation de ses obligations internationales.

Depuis 2009, le gouvernement cambodgien a créé son propre département pour les réfugiés. Celui-ci est chargé d’enregistrer les demandeurs d’asile et de prononcer les arbitrages. Mais à ce jour, les autorités restent silencieuses, se contentant de déclarer qu’elles examinaient l’affaire.

Mardi, l’ONU a donc proposé qu’une mission conjointe ONU-gouvernement se rende dans le Ratanakiri afin d’évaluer leur situation et faciliter leur demande. « Les demandeurs d’asile ne devraient pas être renvoyés là où leur vie et leur liberté est en danger », martèle Vivian Tan le porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’Onu à Bangkok.
Mais le temps passe et les conditions de vie de ce groupe dans la jungle sont de plus en difficiles. Ils manquent de nourriture et trois d’entre eux souffrirait de malaria.

Mercredi soir, on apprenait que des représentants du Haut-Commissariat aux réfugiés et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU étaient en route pour le Ratanakiri, sans plus de détails.

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La décision que prendra le gouvernement ne va pas manquer d’être observée avec attention après les vives critiques suscitées par l’accord signé en septembre avec l’Australie. En échange de 35 millions de dollars, les autorités cambodgiennes, dans une démarche qualifiée d’humanitaire, s’apprêtent à accueillir des réfugiés actuellement parqués sur l’atoll de Nauru, dans le Pacifique. Accepteront-elles aussi d’accorder l’asile à ces 13 Montagnards?

Krystel Maurice