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Phnom Penh aménage koh Pich, une île pour les riches

On l’appelle Koh Pich, mais le promoteur a cru plus judicieux de la baptiser « Elite Town ». Pour bien que l’on comprenne quelle sera la future clientèle qui habitera cette ancienne île de pêcheurs. « Elite Town, sera le quartier le plus luxueux de tout Phnom Penh et le seul à bénéficier d’une vue sur le fleuve en plein cœur de la capitale », clament les plaquettes publicitaires éditées sur papier glacé.
L’ile est située au sud de Phnom Penh, le long de la rivière Bassac, à deux pas du complexe du Naga World et du parc Hun sen.

Ce projet immobilier, s’il est mené à son terme, n’est pas une mince affaire. Soixante quinze hectares de terrain seront aménagés. Villas, appartements et hôtels de luxe au milieu des jardins, marina sur le Bassac, centre d’affaires et centre commercial, hôpital et un secteur appelé « Village d’ambassades » dont on ignore ce qu’il recouvre exactement mais qui sonne chic.

Le projet de développement de l’ïle de Koh Pich au sud de Phnom Penh. En rouge, le secteur des villas luxueuses proposées à la vente.

Les plus belles villas, baptisées « villa du roi », sont concédées au prix de 277 000 dollars (environ 196000 euros), une bagatelle à laquelle il faut ajouter 700 000 dollars de terrain. En clair, un petit million de dollars qui permettra aux heureux propriétaires de « libérer leurs sens et de changer leur vie » comme le proclame les banderoles accrochées sur le mur d’enceinte. Pour ce montant, l’acquéreur disposera tout de même de six chambres et de sept salles de bains, sur une superficie totale de 555m2 sur trois étages.

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A ce prix, c’est presque un cadeau. D’ailleurs le promoteur met d’ores et déjà en avant le fait que le prix du terrain s’établit désormais à 1000 dollars le m2 contre 1500 dollars à l’origine, soit 35% de réduction. Les villas les plus « modestes » sont concédées au prix de 282 000 dollars.

Les cinq types de logements actuellement commercialisés à Elite town: » villa de la reine”, “villa jumelée,” “villa du roi”, ”villa du prince”, “villa reliée”.

Mais la crise financière mondiale est passée par là et les ventes se font rares. En septembre 2008, alors qu’aucun aménagement n’avait encore été réalisé, le promoteur affirmait que la clientèle se précipitait pour acheter. Sur un total de 168 villas prévues, 30% d’entre elles étaient dores et déjà pré-vendus, affirmait-il. Combien aujourd’hui ? Les vendeurs ne parlent plus que d’une centaine de maisons à réaliser, dont 40% serait retenues. Sauf erreur de calculette, il y a problème ! Mais trier le vrai du faux relève de l’impossible.Outre ces villas, le programme prévoit aussi la construction de plusieurs immeubles de quatre étages et de nombreux appartements dans des condominiums.

Ce projet est mené par la société OCIC (Overseas Cambodian Investment Company) une compagnie cambodgienne à capitaux majoritairement chinois, laquelle est lié à la Canadia Bank. En janvier 2006, cette société avait signé un contrat avec Kep Chuktema, le gouverneur de Phnom Penh. L’OCIC s’était vu concédé un bail d’exploitation pour une durée de 99 ans en échange du versement d’une somme de 50 millions de dollars et de la réalisation à titre gracieux du doublement du pont Monivong.

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Expulsions
Les 300 familles de pécheurs qui vivaient sur l’ile ont été expulsées, comme c’est de plus en plus fréquent à Phnom Penh. Pour quelques centaines de dollars, ils ont été, comme tant d’autres, priés d’aller s’installer ailleurs, loin, de plus en plus loin, compte tenu de l’envolée des prix des terrains dans la capitale.

Le deuxième pont Monivong a été inauguré en grande pompe fin mai et l’avenir aurait donc pu s’annoncer radieux.
Mais la crise n’épargne pas le Cambodge et les acquéreurs se montrent frileux. De l’aveu même du directeur de projet, Touch Samnang, le montant d investissements pourrait être amputé d’un tiers pour atteindre 800 millions de dollars contre 1,2 milliard à l’origine, les acheteurs se montrant très frileux.

Aujourd’hui, les travaux de terrassements sont en cours. Un premier pont reliant l’ile à la rive opposée à été réalisé. Deux autres sont prévus. A l’intérieur de l’ile, quelques routes sont en cours d’aménagement, et les jardiniers plantent à tout va.
Le projet sera sans doute réalisé par tranche, au fur et à mesure des réservations. La construction de la tour de Diamant, annoncée comme la plus haute de la ville (222 mètres de hauteur) semble, quand à elle, de plus en plus hypothétique.

Le premier pont de Koh Pich est achevé. Photo Krystel Maurice

C’est ici que seront construite les futures villas d’Elite Town. Photo Krystel Maurice

Le développement du Grand Phnom Penh

Outre l’aménagement de l’ile de Pich, d’autres villes satellites sont en cours de développement en périphérie de Phnom Penh. Villas, condominium, bureaux, centre d’affaires, piscines, Spas, terrains de sports, ces projets visent tous la même clientèle, des acheteurs aisés, sinon fortunés, étrangers ou non. La « Camko City » dans la zone du lac Pongpeay, au nord du quartier de Tuol Kork, le « Grand Phnom Penh International City » sur la route e de Battambang, la « Sunway City » dans le quartier de Toul Kok, à 2 km à l’ouest de l’aéroport, ne devraient pas non plus être épargnés par la crise économique.

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A eux seuls, ces projets couvrent une superficie de près de 900 hectares. Dans l’hypothèse ou ils seraient entièrement réalisés, la population de Phnom Penh augmenterait de plus de 1 million d’habitants.

Mais dans le contexte de crise économique mondiale et dans un pays où le revenu annuel par habitant est de 580 dollars par habitant, on est en droit de se demander où les promoteurs comptent trouver ce million de futurs acquéreurs. Phnom Penh n’est pas Dubaï. Et Dubaï …gèle ses chantiers.

Krystel Maurice