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Ophelie Begnis, assassinée au Cambodge le 9 février 2013.
C’est une famille profondément meurtrie et en quête de réponses qui s’adressait à la presse samedi à Phnom Penh. Brisant un long silence de près de deux ans, le père d’Ophélie Begnis, son frère et sa sœur, ainsi que leur avocat lyonnais bouclaient une visite de cinq jours à Phnom Penh et à Kampot.
Le corps dénudé de la jeune touriste lyonnaise, âgée de 25 ans avait été retrouvé le 10 février 2013 flottant dans la rivière de Kampot, dans le sud du Cambodge, à 5 km de la guesthouse Les Manguiers où elle logeait depuis plusieurs jours en compagnie de deux amies françaises. La jeune femme portait de graves blessures à la tête et des marques sur l’un de ses poignets. Elle avait été aperçue pour la dernière fois la veille, le samedi 9 février vers 16h30, alors qu’elle quittait son hôtel à vélo.
Un ressortissant belge, Olivier Van Den Bogaert, avait été arrêté et inculpé fin avril 2013. Un an plus tard, il était libéré, son implication dans le meurtre n’ayant pas été démontré. Il a finalement regagné la Belgique en juillet dernier.
Depuis, l’enquête est au point mort. Et si la famille d’Ophélie a fait ce long voyage jusqu’au Cambodge la semaine dernière, c’est pour tenter de comprendre ce qui s’est réellement passé ce 9 février dernier.
« Inacceptable et indigne »
Une plainte pour meurtre ayant été déposée en France, un juge français est chargé d’enquêter, en collaboration avec son homologue cambodgien. Il pourrait se rendre au Cambodge début 2015, a précisé Morgan Bescou, l’avocat de la famille, lors d’une conférence de presse samedi à Phnom Penh. Mais le temps passe et la famille s’impatiente.
A l’ambassade de France à Phnom Penh, les informations qui lui sont fournies depuis le début de l’affaire filtrent au compte-goutte. « La famille Begnis doit maintenant s’assurer par elle-même des informations échangées entre les autorités des deux pays, ce qui est inacceptable et indigne de la part d’un pays comme la France », précise le communiqué de la famille remis à la presse samedi.
« Si nous ne les appelons pas, ils ne communiquent pas avec nous », martèle l’avocat à propos des représentants de l’ambassade à Phnom Penh. Sur place, la famille n’a semble-t-il pas rencontrer beaucoup plus de sollicitude. Une unique rencontre a pu avoir lieu à l’ambassade et lorsque la famille a exprimé le souhait de pouvoir disposer d’un traducteur officiel, leur demande a été refusée.
Elle a en revanche pu facilement rencontrer les autorités cambodgiennes, le juge chargé de l’enquête ainsi que le responsable du ministère de l’intérieur qui suit ce dossier. Mais là aussi, les réponses ont été vagues, même si on leur a assuré que les investigations se poursuivaient. « Dès que l’on commence à rentrer dans les détails, ils bloquent la discussion ». « En fait depuis l’arrestation d’Olivier Van Den Bogaert, aucune enquête n’a été menée et personne d’autre n’a été interrogé », explique Me Bescou.
Ophélie était-elle vraiment seule, comme on l’a prétendu, lorsqu’elle a quitté sa guesthouse à vélo? Pourquoi le registre des entrées de cet hôtel n’a-t-il pas été vérifié ? Pourquoi la clientèle de l’établissement n’a-t-elle pas été interrogée? Pourquoi les habitants du voisinage n’ont-ils pas été rencontrés?
Autant de question restées sans réponse et que la famille continuera de se poser à son retour en France. « Désormais, la recherche de témoins dans la guesthouse où elle résidait au moment du drame, ainsi qu’une enquête approfondie dans le voisinage sont nécessaires, ne serait-ce que pour découvrir le lieu où elle a été assassinée », répète-t-elle dans son communiqué remis à la presse samedi.
Krystel Maurice