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Près de deux cent personnes se sont rassemblées ce vendredi matin devant l’assemblée nationale à Phnom Penh pour réclamer la libération des quinze personnes arrêtées depuis lundi. Une manifestation plutôt risquée compte tenu du climat qui règne dans la capitale depuis le début de la semaine. Au nombre des protestataires, des membres de différentes communautés expulsées de leurs terres et des représentants d’associations de défense des droits de l’homme.
Depuis lundi quinze personnes ont été incarcérées et onze d’entre elles- un moine et dix femmes membres de différentes communautés expulsées de leurs terres- ont été condamnées à des peines de prison de un an et à des amendes de 500 dollars.
Hier, c’est un membre de la jeunesse du parti d’opposition qui a été arrêté et renvoyé une nouvelle fois en prison. Tep Nari était en libération conditionnelle après avoir été accusé, ainsi qu’une douzaine d’autres représentants du Parti du sauvetage national, d’avoir participé aux violences lors de la manifestation du 15 juillet. Tous avaient été bénéficié d’une libération conditionnelle en juillet, quelques jours seulement avant que l’opposition n’annonce qu’elle rejoignait l’assemblée nationale, mettant fin à l’impasse politique dans laquelle se trouvait le Cambodge depuis un an.
Pour Tep Nari, cette libération conditionnelle était assortie d’une obligation de se présenter au poste de police deux fois par mois. Il a été arrêté pour ne pas s’y être rendu, ont expliqué les policiers.
Il a été incarcéré à la prison de Prey Sar où un autre membre important du Parti de l’opposition, Meach Sovannara, le responsable de l’information du Parti du sauvetage national du Cambodge a, lui aussi, été incarcéré mardi.
Actuellement quatre membres du parti y sont détenus: Meach Sovannara et Tep Nari ainsi que Ouk Pich Samnang, arrêté le 25 octobre, et Sum Puthy, un conseiller du district de Phnom Penh. Ce dernier vient d’ailleurs tout juste de se voir refuser sa libération conditionnelle par la cour d’appel lors de l’audience du 12 novembre.
Deux autres moines, Khit Vannak et Sang Kosal, respectivement âgés de 26 et 19 ans, ont également été emprisonnés mercredi. Immédiatement défroqués après leur arrestation, ces moines khmers krom ont comparu hier devant le tribunal. Ils y ont été accusés de participation à une association criminelle, une charge passible d’une peine de cinq ans de prison.
Ces arrestations interviennent alors que les négociations entre les deux partis achoppent sur la composition d’une nouvelle Commission nationale électorale, un sujet sur lequel nous reviendrons.
Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’association de défense Human Right Watch condamne ces arrestations. « En réprimant ces récentes manifestations pacifiques, le gouvernement cambodgien tourne en dérision les réformes démocratiques », déclare Brad Adam, responsable de l’association pour l’Asie. Il appelle les donateurs à condamner publiquement cette « escalade d’abus » pour ne pas « encourager le parti au pouvoir à continuer de museler le débat politique, stoppant ainsi toute espoir de progrès vers une véritable démocratie multipartite. »
Krystel Maurice