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Les blocs de grès des temples d’Angkor n’auraient pas été acheminés via le Tonle Sap

La découverte d’un maillage de canaux par deux universitaires japonais remet en cause l’itinéraire supposé du transport des gigantesques blocs de grès ayant servi à la construction des temples d’Angkor.

Ces blocs de grès, qui pèsent jusqu’à deux tonnes, proviennent des carrières situées au pied du Mont Kulen, à environ 35 km de là. On supposait jusqu’ici qu’ils étaient transportés par voie d’eau sur une distance de quelque 90 km jusqu’au site d’Angkor. Le trajet emprunté, estimait-on, suivait un long canal se jetant dans le lac Tonle Sap.  Les blocs étaient ensuite acheminés par le lac,  le long d’un parcours de plus de 35 km jusqu’à l’embouchure de la rivière Siem Reap. Ils étaient enfin remontés durant 15 km, à contre-courant  par la rivière Siem Reap,  jusqu’à Angkor. Un parcours harassant  et extrêmement long qui intriguait deux universitaires japonais, peu convaincus de cette hypothèse. D’autant qu’aucune étude approfondie des carrières d’où proviennent ces blocs n’avait encore été menée à ce jour.

Etsuo Uchida et Ichita Shimoda, de l’Université  des sciences et de l’ingénierie Waseda  de Tokyo ont donc répertorié les carrières situées au sud-est du Phnom Kulen.
Ils en ont découvert plus de cinquante au total. En analysant la susceptibilité magnétique des blocs de grès d’Angkor et leurs épaisseurs, ils ont établi qu’ils provenaient de quatre secteurs, exploités à des périodes différentes ( voir croquis ci-dessous).

En couleur, les quatre sites de carrières de grès utilisé pour la construction des temples d’Angkor, selon l’étude de Etsuo Ushida. Les différents numéros portés sur ce graphiques correspondent chacun à une carrière répertoriée.

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En images, quelques unes de ces carrières de grès au pied du Phnom Kulen.

A la suite de cette étude, les deux universitaires ont repéré, grâce à des images satellite, les traces d’un canal, ou plutôt précisément d’un maillage de canaux et de rivières,  qui semblait relier entre eux ces quatre sites d’exploitation de carrières. Les relevés sur le terrain ont conforté leur piste de travail et permis d’établir une nouvelle cartographie du trajet emprunté par les blocs de grès jusqu’à Angkor. Un trajet beaucoup plus « doux » que celui imaginé jusque là, puisqu’il ne représente « que » 34 km contre 90 km.

Reste encore  à valider  cette intéressante hypothèse. Et comme toujours, dans ce domaine, le chemin  sera sans doute encore très long.

En rouge, le parcours qui aurait été suivi pour transporter les blocs de grès.

Krystel Maurice

L’étude de Etsuo Uchida et Ichita Shimoda a été en partie publiée par le site internet Sciencedirect d’où sont extraits les documents ci-dessus.

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