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Les belles performances du riz cambodgien

Autour de Battambang, des rizières à perte de vue©Krystel Maurice

Après des années de guerre et d’isolement politique qui ont démantelé l’agriculture, le Cambodge vient tout juste de rejoindre le camp des pays exportateurs de riz. Mais pour remarquable que soit la progression de la production, l’avenir des exportations n’en restent pas moins incertain. Avec le textile, la construction et le tourisme, l’agriculture est l’un des quatre piliers de l’économie cambodgienne. Elle occupe 71 % de la population, essentiellement employés dans la riziculture.

Selon le gouvernement cambodgien, le pays a produit en 2010 un peu plus de 7 millions de tonnes de riz non décortiqué, appelé aussi riz paddy. Avec 14 millions d’habitants, la consommation intérieure du Cambodge représente désormais 4 millions de tonnes. L’excédent, soit trois millions de tonnes de riz brut, devrait donc permettre d’exporter un million de tonnes riz usiné. C’est peu au regard de ses voisins thaïlandais et vietnamien, respectivement premier et second pays exportateur mondial, avec 9 et 6 millions de tonnes exportées en 2010. Mais les progrès sont indéniables.

Une hausse remarquable de la productivité

Les résultats pour l’année 2010 confirment l’extraordinaire croissance de la productivité, laquelle a augmenté de 9% par an au cours des dix ou douze dernières années.

Si les données concernant la riziculture au Cambodge sont peu nombreuses, imprécises voire contradictoires, une récente étude du département américain de l’agriculture permet d’y voir un peu plus clair.

En 98/99, la récolte avait permis de produire 2,2 millions de tonnes usinées. Onze ans plus tard, en 2009-2010, la production a atteint 4,63 millions de tonnes, un record absolu pour la cinquième année consécutive, comme le rappelle cette étude publiée en janvier 2010. Ainsi, au cours des douze dernières années, la productivité a plus que doublé, enregistrant un bond de 110%. Et elle a augmenté de 74% par rapport à la période 1995-2005, totalisant une moyenne annuelle de 4,2 tonnes de riz usiné.

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Des pratiques en évolution

A l’origine de cette étonnante progression, plusieurs raisons. En premier lieu, l’augmentation des surfaces cultivables ou plutôt le retour à ses niveaux d’avant guerre. Un phénomène récent puisque ce n’est qu’en 2004 que le Cambodge a retrouvé des superficies d’exploitation à peu près identique à celle des années soixante, avant la guerre du Vietnam et avant l’instauration du régime Khmer Rouge en 1975.
Il aura donc fallu plus de trente ans pour que les Cambodgiens reviennent cultiver les secteurs qu’ils avaient abandonnés.

Au total, en intégrant les terres récemment défrichées sur les hauteurs, 2,3 millions d’hectares de rizières sont aujourd’hui exploités contre moins d’un million sous le régime de Pol Pot. A elle seule, la riziculture représente 85% de l’ensemble des terrains cultivés.

Grâce à des prêts et des subventions internationales, les infrastructures nécessaires à l’irrigation se sont aussi considérablement développées. Cette politique commence à porter ses fruits, même si des décennies d’effort sont encore nécessaires.

Mais l’un des facteurs déterminants de cette réussite réside dans l’évolution des pratiques de culture. Non seulement un très grand nombre de paysans effectuent désormais deux récoltes durant la saison des pluies, au lieu d’une seule auparavant, mais ils ont également  recours à des variétés de riz plus productives. De manière plus marginale, une troisième récolte est aussi effectuée en saison sèche, lorsque les moyens d’irrigation le permettent mais elle ne représente pour l’heure que 20% de la totalité de la production.

Pour autant, les déclarations des dirigeants cambodgiens annonçant un doublement de la production à l’horizon 2015 sont-elles réalistes ? C’est ce que nous examinerons dans une très prochaine édition.

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Krystel Maurice