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Le premier ministre Hun Sen aujourd’hui lors de l’inauguration du pont de l’amitié Cambodge-Chine à Takmao. Photo page Facebook Hun Sen
Dans un de ces retournements de situation dont il est passé maître en 30 ans de pouvoir sans partage, le Premier ministre cambodgien a balayé avec rudesse la promesse faite l’an dernier à l’opposition d’avancer la date des prochaines élections législatives de cinq mois, soit en février 2018.
« Je déclare que les élections de 2018 auront lieu le quatrième dimanche de juillet … pas avant, pas après, parce que vous êtes tous stupides », a-t-il lancé aujourd’hui à l’adresse des membres du Parti du sauvetage nationale du Cambodge lors d’un discours prononcé à Takmao lors de l’inauguration du pont de l’amitié khméro-chinoise.
S’il a reconnu qu’il avait passé l’an dernier un accord de principe avec l’opposition sur la tenue d’un scrutin en février 2018 alors que celle-ci boycottait l’assemblée nationale, Hun Sen a également souligné que cet accord n’avait pas été officiellement entériné.
« Si un accord politique avait été passé, celui-ci se serait appuyé sur un amendement de la constitution. Car l’article 78 de la constitution stipule que la durée de la législature du parlement est de cinq ans et que le parlement ne peut être dissout avant la fin du mandat, sauf si le gouvernement est renversé à deux reprises durant une période de douze mois ».
« Mais nous n’avons encore rien changé, aucun accord officiel n’est intervenu et le Parti du peuple cambodgien a décidé de ne pas amender du tout la constitution ». « Donc les élections se tiendront à cette date ».
En reléguant la culture du dialogue aux oubliettes, Hun Sen a revêtu une nouvelle fois l’uniforme qu’il affectionne, celui d’un militaire qui n’hésitera pas à brutaliser ses adversaires pour parvenir à ses fins.
S’il se déjuge aujourd’hui en reniant ses propres déclarations, il inflige également un démenti cinglant aux propos de Yim Sovann, le porte-parole du parti d’opposition. Celui-ci avait en effet affirmé en mai qu’après un an de discussion, les deux partis s’étaient accordés sur la tenue d’un scrutin en février 2018.
Krystel Maurice