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Chemise rose et casquette blanche, Sok Penh Vuth, le gouverneur adjoint de Phnom Penh pointe l’homme du doigt. Autour de lui, le chaos. Les forces de l’ordre viennent de donner l’assaut contre les manifestants qui réclament pacifiquement une chaine de télévision indépendante.
Dans le brouillard des fumigènes, mégaphone en main, le gouverneur adjoint dirige ses propres troupes, des vigiles et des civils dépourvus de tout pouvoir légal et sans formation spécifique. Ses hommes sont chargés de disperser tout rassemblement dans les rues de la capitale. Armés de frondes, de barres métalliques, de battes de bois ou de tasers, ils chassent et cognent sans discernement, sur les manifestants, sur les moines, sur les passants et à l’occasion, sur les journalistes et les photographes.
Revêtu de son autorité de gouverneur adjoint, Sok Penh Vuth, vient de réclamer l’arrestation de Mam Sonando, le meneur de la manifestation. Et lorsqu’il aperçoit, à proximité de lui, un homme assis sur sa moto, il l’accuse d’être un manifestant. Il se rue sur lui, le frappe violemment à la tête à l’aide de son mégaphone, qu’il finit par abandonner là. Ses hommes achèveront la tâche, le ruant de coups de bâtons et de coups de poings.
Blessé, l’homme expliquera plus tard qu’il est moto-taxi et qu’il venait simplement de déposer son client, un policier, sur les lieux de la manifestation, juste avant que la charge ne soit donnée.
Imperturbable, le porte parole du gouvernement, Phay Siphan, déclare: « Je ne vois rien de mal à ça. Les autorités locales représentent le pouvoir. Elles peuvent prendre toutes les mesures énergiques qu’elles veulent pour restaurer l’ordre public ».
Attaques contre la presse
Trois photographes, parmi lesquels Tang Chhin Sothy, le photographe de l’AFP, ont été également frappés à coup de bâtons par les forces de l’ordre lundi, comme en atteste cette photo. «Je leur ai dis que j’étais photographe pour la presse internationale mais ils m’ont répondu que les reporters seront battus aussi», explique Tang Chhin Sothy qui se dit chanceux d’avoir porté son casque ce jour- là. La protection de la presse est pourtant inscrite dans la constitution du Cambodge.
Hier soir à Genève, où le groupe de travail du Conseil des droits des l’homme de l’ONU était réunit, la délégation cambodgienne a enfoncé le clou. Aux représentants de la Grande Bretagne, de la Suède et des États-Unis qui estimaient que la violence de la répression -tirs à balles réelles, incarcération de 23 manifestants et interdiction des rassemblements- ne «sauraient être justifiés », le représentant du ministère cambodgien de l’intérieur a rétorqué que ces mesures étaient « très nécessaires ».