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Photo Krystel Maurice
C’est à l’Ouest du Cambodge, dans la région de Païlin que se sont développées ces nouvelles souches de parasites extrêmement dangereuses qui résistent au traitement à base d’artémisinine, estiment des scientifiques dans la revue Nature Genetics.
« Presque tous les médicaments que nous avons au cours des récentes décennies, sont devenus l’un après l’autre inefficace par la capacité remarquable de ce parasite de développer des résistances ».
Mais en 2008, dans la région de Païlin, le long de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, l’on avait pour la première fois constaté des parasites résistant à l’artémisinine, le médicament qui, associé à d’autres, est à la base des traitements antipaludiques. Ces parasites s’étaient ensuite répandu en Asie du Sud-Est, notamment dans l’Ouest de la Thaïlande, au Myanmar et au Vietnam.
Le paludisme est une maladie dû à un parasite, du genre Plasmodium, transmis à l’homme par des piqûres de moustiques Anophèles infectés.
Pour réaliser cette étude, les chercheurs de plusieurs pays se sont associés afin de séquencer les génomes de 825 échantillons du parasite Plasmodium falciparum, le parasite à l’origine du plus grand nombres de cas mortels du paludisme. Les échantillons provenaient du Burkina Faso, de Gambie, du Ghana, du Mali, de Thaïlande, du Vietnam et de l’ouest du Cambodge. A l’ouest du Cambodge, ces parasites présentent des spécificités qui n’ont été identifiées nulle part ailleurs, révèle l’étude.
Mutations
« Si nous comparons leur ADN, nous constatons que les parasites du Cambodge semblent constituer de nouvelles populations, inexistantes ailleurs », explique l’un des auteurs de cette étude, le Dr Olivo Miotto, de l’université d’Oxford et de l’université Mahidol de Bangkok.
Les chercheurs ont ainsi identifié dans la région, trois groupes distincts de parasites qui auraient opéré des mutations leur permettant de résister au traitement de l’artémisinine.
Les raisons de ces mutations restent pour l’heure un mystère. L’une des hypothèses avancée serait l’isolement de cette partie du pays couverte de jungle et coupée du monde durant de longues années, jusqu’à la reddition des khmers rouges en 1998. Les parasites, confinés dans l’espace réduit de la jungle, se seraient reproduire entre eux, multipliant ainsi les croisements consanguins et générant de nouvelles espèces.
Jeudi dernier, à l’occasion de la journée mondiale contre le paludisme, l’Organisation mondiale de la santé a lancé à Phnom Penh un programme d’urgence de 400 millions de dollars sur trois ans pour combattre la résistance aux artémisinines.
« Les conséquences d’une résistance généralisée aux artémisinines seraient catastrophiques a déclaré le Dr Robert Newman, Directeur du Programme mondial de lutte antipaludique. Nous devons intervenir immédiatement pour protéger l’Asie du Sud-Est aujourd’hui et l’Afrique subsaharienne demain. »
Même si des efforts majeurs sont en cours pour développer de nouvelles classes d’antipaludiques, aucun produit de remplacement ne sera disponible dans un avenir proche. Il reste qu’à l’heure actuel, le traitement à base d’artémisinine, associé à d’autres médicaments, reste le plus efficace pour combattre le paludisme. Selon l’OMS, en 2010, 219 millions de cas de paludisme ont été qui ont causé 660 000 décès.
Krystel Maurice