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Journalistes assassinés: mettre fin à l’impunité

« Notre politique est d’appliquer la justice. Nous n’avons pas le pouvoir d’arrêter ou de tuer des journalistes. Si cela se produit ce sont les gens qui en sont responsables », déclarait hier Phay Siphan, le porte-parole du gouvernement cambodgien interrogé par le Phnom Penh Post à l’occasion de la première Journée Internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.

Au Cambodge 20 journalistes ont perdu la vie depuis 1992 dont trois cette année. Nous en avons largement parlé sur Cambodge Post mais au vu des résultats des « enquêtes » menée par les autorités, un rappel n’apparait superflu.

A Siem Reap, deux mois et après sa disparition, le corps du journaliste canadien Dave Walker était retrouvé le 1er mai non loin du complexe d’Angkor Thom. Les circonstances de sa mort n’ont toujours pas été élucidées et aucun suspect n’a été arrêté. Sans plus d’explication, les autorités cambodgiennes, elles, ont déclaré récemment que l’enquête n’était plus de leur ressort.

Le reporter Suon Chan a été battu à mort fin janvier alors qu’il enquêtait sur les pratiques illégales de pêche dans la province de Kompong Chnang. Un suspect a été arrêté le mois dernier mais quatre autres sont toujours en fuite.

Le 12 octobre Taing Try a été abattu d’une balle en pleine tête dans la province de Kratié alors qu’il enquêtait sur le trafic de bois, en lisière avec le Mondolkiri. Trois membres des forces de sécurité ont été arrêtés.

90% de crimes impunis

Au total depuis 1992, 1080 journalistes et professionnels des médias ont été tués dans le monde. Parmi eux, 713 ont été assassinés, 221 ont perdu la vie en couvrant des combats, et 143 ont été tués dans des situations de crise ou lors de manifestations dangereuses.

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Sur les 713 assassinats de journalistes depuis 1992, 631 sont restés impunis, soit 90%. C’est la raison pour laquelle l’Organisation des Nations unies a déclaré le 2 novembre Journée Internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes.

Le Cambodge est décrit comme une « zone clé » en ce qui concerne l’impunité pour les meurtres de journalistes en Asie du sud-est. « Les meurtres de ces journalistes en 2014 sont extrêmement inquiétants dans le contexte politique du Cambodge et doivent être traités avec le plus grand intérêt par les autorités », déclare Jane Worthington, directrice de la Fédération internationale des journalistes chargée du secteur Asie-Pacifique dans un communiqué commun avec les Unions des journalistes d’Asie du sud-est.

Déjà 33 journalistes ont été tués cette année en Asie-Pacifique. L’an dernier, un journaliste a trouvé la mort tous les dix jours dans cette région.

Une campagne a été lancée hier par cette Fédération (voir ici). La photo ci-dessous en est le logo.

A l’occasion de cette première journée internationale, le Centre cambodgien des droits de l’homme (CCHR) lance lui aussi une campagne contre l’impunité dans le pays, qu’il s’agisse de journalistes ou d’autres victimes et invite chaque Cambodgien à se prendre en photo avec une pancarte réclamant la fin de l’impunité. Ces pancartes peuvent être téléchargées ici. L’évolution de cette campagne peut être suivie sur la page Facebook du CCHR.

Krystel Maurice