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Frontière vietnamienne: Hun Sen demande à l'ONU les originaux des cartes

Le premier ministre Hun Sen a adressé lundi 6 juillet une lettre au secrétaire général de l’ONU afin d’avoir accès aux originaux des cartes de l’ONU délimitant la frontière vietnamienne.

Ces cartes ont été déposées auprès de l’ONU par le roi Norodom Sihanouk en 1964. Elles sont également inscrites dans la Constitution de 1993 qui stipule dans l’article 2 : «  L’intégrité territoriale du Cambodge est absolument inviolable dans ses frontières délimitées sur les cartes à l’échelle au 1/100 000ème établies entre les années 1933 et 1953 et internationalement reconnues entre les années 1963 et 1969 ».

Dans cette lettre, le Premier ministre précise que le gouvernement a besoin d’obtenir ces cartes afin de « confirmer  l’exactitude du processus de démarcation » de la frontière en cours et de «  mettre un terme à l’incitation à un nationalisme extrême » de la part de « certains cercles à des fins politiques» qui pourrait conduire le Cambodge «  à la catastrophe ».

Cette lettre intervient au lendemain d’un nouvel incident survenu à proximité du secteur où une altercation avait déjà opposé, le 28 juin, un groupe de 200 jeunes conduits par deux députés de l’opposition à des vietnamiens dans la province de Svay Rieng. L’affrontement avait fait une douzaine de blessés.
Samedi, Phen Bunthoeurn, un militant des droits de l’enfance qui se trouvait à la frontière en présence de 43 jeunes, a été violemment battu à coups de pelles par des civils vietnamiens puis arrêté et détenu la nuit par les autorités vietnamiennes. Il affirme ne pas avoir traversé la frontière, ce que confirme un représentant local de la Licadho, une association de défense des droits de l’homme. Il a été relâché dimanche et hospitalisé à Phnom Penh. Ses blessures sont cependant sans gravité.

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Suite à la première altercation, le Vietnam avait vigoureusement protesté contre l’incident. Dans un communiqué publié le 1er juillet, Le Hai Binh, le porte-parole du ministère des affaires étrangères vietnamien avait accusé le groupe d’ « extrémistes » d’avoir pénétré illégalement au Vietnam, d’avoir attaqué les habitants et les membres des forces de sécurité, d’avoir blessé 7 vietnamiens et de menacer les relations d’amitié entre les deux pays . « Nous demandons aux autorités cambodgiennes de régler cet incident et de prendre toutes mesures afin d’empêcher qu’il ne se reproduise afin de poursuivre calmement la délimitation de la frontière dans l’intérêt commun des deux peuples » précisait le communiqué.

Le lendemain, lors d’une conférence de presse, le gouvernement cambodgien avait produit, face aux journalistes, quelques-unes des cartes utilisées pour démarquer la frontière. Var Kimhong, qui dirige la délégation cambodgienne du comité mixte de délimitation de la frontière, avait alors expliqué que ces cartes, au 1/50 000 étaient des reproductions fidèles des cartes aux 1/100 000 déposées en 1964 par le roi Norodom Sihanouk. Il avait indiqué que dans le mois qui avait suivi la signature du traité additionnel de 2005, lequel est contesté par l’opposition, le Vietnam avait fourni une « carte blanche » sur laquelle la frontière n’était pas tracée. Un groupe de travail mixte avait alors reporté les limites de cette frontière sur cette carte qui avait alors été approuvée par les deux présidents du comité de frontière. « Nous avons pleinement respecté la constitution », avait-t-il martelé.

Krystel Maurice