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A Phnom Penh, la crise politique se durcit et le pouvoir semble n’avoir d’autre stratégie que celle de la force. A deux jours du coup d’envoi de la manifestation de l’opposition, deux photos prises par des reporters aujourd’hui incarnent à elles seules la réponse des dirigeants à tous ceux qui osent protester.
La première est celle du parc de la Liberté que les forces anti-émeutes ont investi ce matin pour une démonstration de force. Un message limpide envoyé aux futurs participants de la manifestation et au-delà, l’image symbolique de bataillons de policiers occupant le tout dernier espace urbain de la ville dans lequel des manifestants pouvaient s’exprimer librement.
Mais pour forte qu’elle soit, cette image suffira-t-elle à dissuader ceux qui réclament davantage de démocratie? Pas si sûr. En tout cas ce matin, à deux pas de là, plusieurs centaines de membres de l’Assemblée cambodgienne des populations locales – un réseau de communautés apolitiques comprenant des fermiers, des syndicalistes et des pêcheurs, des écologistes – a bravé l’interdiction des autorités de manifester. Le parc de la Liberté étant occupé, ils se sont symboliquement installés au pied de la statue de Gandhi à Wat Phnom ( voir ici les splendides photos de John Vink, reporter à l’agence Magnum).
Au même moment, un autre photographe, Thomas Cristofoletti, se trouvait près de la résidence du Premier ministre. Près d’un millier d’ouvriers employés à l’usine textile SL, en conflit depuis des semaines avec leur direction, étaient parvenus à s’en approcher. Ils brandissaient des portraits du Premier ministre Hun sen et de son épouse Bun Rany, réclamant leur aide dans ce conflit qui s’éternise. Repoussé une première fois par la police, ils s’étaient installés pour un sitting pacifiste dans le parc public situé en face de la résidence de Hun Sen. Comme on le voit sur cette photo, ils en seront délogés sans ménagement.
Vendredi déjà, deux autres manifestations- l’une organisée par des habitants expulsés de Borei Keila, l’autre par des jeunes et des moines qui réclamaient une enquête sur la mort de Sok Chan, cet habitant tué d’une balle dans la tête le 15 septembre- avaient violemment été dispersées.
Krystel Maurice