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Arrêtées ce matin, cinq femmes de la communauté de Boeng Kak, dont les deux porte-paroles les plus connues, Tep Vanny et Yorm Bopha, viennent tout juste d’être libérées. Aucune charge n’a été retenue contre elles, a annoncé Ou Virak, président du Centre cambodgien des droits de l’homme, à l’issue de sa rencontre avec le gouverneur de Phnom Penh.
Ces militantes avaient été arrêtées ce matin vers 8h 30 devant l’ambassade de France alors qu’elles s’apprêtaient à remettre une pétition réclamant la libération de dix personnes arrêtées et rouées de coups jeudi par un bataillon militaire en banlieue de Phnom Penh. L’un d’elle, Chan Puthisak, est un membre de la communauté.
On ignore toujours en effet où sont détenues ces personnes ainsi que les charges retenues contre elles.
Ce matin, des dizaines d’hommes en civil se sont regroupés devant l’hôpital Calmette avant de dévaler le boulevard Monivong et de fondre littéralement sur ce groupe de femmes. Les forces de l’ordre en tenue sont ensuite arrivées à bord d’un camion et elles ont été embarquées dans un van, en direction du siège de la police de Phnom Penh.
Depuis samedi, les autorités ont interdit les manifestations « jusqu’à ce que la situation et l’ordre public reviennent à la normale». Les cinq militantes ont été relâchées vers 16h45, seulement après signé une lettre dans laquelle elles s’engageaient à ne pas manifester pour le moment. ” Je suis toujours très inquiet de l’interdiction de ces manifestations”, ajoute Ou Virak.
Les membres de cette communauté ont été expulsés de leurs logements au profit d’un projet de développement piloté par la société Sukhaku Inc. appartenant à un sénateur proche du pouvoir, Lao Meng Khin. En 2007, cette société s’est vue attribuer par le gouvernement une concession de 99 ans sur le secteur du lac pour y réaliser des logements, des boutiques de luxe, des centres commerciaux. Au total, quelques 4000 familles ont été expropriées.
Depuis les femmes de cette communauté tentent de faire entendre leur voix pour être relogées. Régulièrement confrontées aux brutalités policières, plusieurs d’entre elles ont déjà été emprisonnées à l’issue de procès bâclés.
Yorm Bopha, l’une de leur porte-parole dont Amnesty international considère qu’elle était une prisonnière d’opinion, est en libération conditionnelle depuis le 22 novembre.
Ici, les photos des arrestations d’aujourd’hui par John Vink (Magnum)