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La cour de justice de Phnom Penh.
Au Cambodge, les violences sexuelles contre les femmes et les enfants restent très largement impunies, mettant en lumière « l’immense faillite d’un système judiciaire » gangréné par la corruption, selon un rapport publié ce week-end par la Licadho, une association cambodgienne de défense des droits de l’homme.
Dans ce rapport, la Licadho indique avoir enquêté dans 762 affaires de viols commis entre 2012 et 2014 dans les 12 provinces où l’association est représentée. Sur ce total, 225 cas concernent des femmes âgées de 18 ans et plus, 537 cas concernent des enfants de moins de 18 ans.
Mais ce rapport se focalise sur 424 affaires d’ores et déjà classées. Sur ce total, seul un tiers des dossiers s’est soldé par des condamnations conformes à la loi.
Un autre tiers a été définitivement classé avant qu’un jugement ne soit prononcé, le plus souvent suite à des compromis financiers négociés par la police ou par le personnel judiciaire qui en tire profit. Pour le reste, les violeurs ont été soit acquittés, soit condamnés à des peines légères ou à des peines de sursis.
Dans la quasi-totalité des affaires, le trait commun est la corruption, souligne un communiqué de la Licadho. « La corruption est partout, note Naly Pilorgue, la directrice de l’association. Chaque fois qu’une victime est en contact avec un représentant des pouvoirs publics, elle doit verser des pots-de-vin et si le suspect a de l’argent, il pourra probablement acheter sa liberté. On a l’impression que les autorités n’ont rien à faire de la justice. Pour eux les affaires de viols sont juste un moyen de gagner de l’argent. »
Plus de la moitié des affaires ayant fait l’objet d’un compromis financier avant jugement a été négociée en échange de l’abandon des plaintes, lit-on dans ce rapport. « Les montants sont souvent négociés par la police, les procureurs ou les juges qui classent le dossier une fois la plainte retirée ». Les représentants de la Licadho estiment que « presque 100% des cas réglés à la suite d’un compromis financier impliquent le versement de bakchichs aux autorités concernées. »
Outre ces pots de-vin, ces transactions financières ne peuvent en aucun cas être conclues en contrepartie de l’abandon d’une plainte au regard de la loi cambodgienne. En entravant les poursuites judiciaires, la police est également « responsable pénalement » de ces agissements, relève la Licadho.
Krystel Maurice