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Rhona Smith, envoyée spéciale de l’ONU au Cambodge.
Les droits de l’homme au Cambodge sont proches d’atteindre « un dangereux point critique », à l’approche des élections communales de 2017 et des législatives de 2018, a constaté Rhona Smith, l’envoyée spéciale des droits de l’homme de l’ONU, à l’issue d’une visite de deux semaines dans le royaume.
Depuis sa dernière visite en septembre, les membres de l’opposition font en effet l’objet de poursuites judiciaires, de pressions et de menaces de tous ordres de la part du pouvoir: mandat d’arrestation et plusieurs procès en diffamation contre Sam Rainsy, président du Parti du sauvetage national du Cambodge aujourd’hui en exil France, passage à tabac de deux députés près de l’Assemblée nationale, menaces d’enquêtes et de poursuites judiciaires pour corruption contre Kem Sokha, le n° 2 du parti, suite à une sombre histoire d’écoutes téléphoniques privées l’impliquant prétendument dans des liaisons extra-conjugales.
Plus largement, les poursuites judiciaires s’exercent également contre toutes voix discordantes, comme ce fut le cas pour cet étudiant en sciences politiques condamné il y a deux semaines à une peine de 18 mois de prison pour avoir posté sur sa page Facebook un message dans lequel il appelait à une « révolution de couleur » au Cambodge.
« La situation politique actuelle, où l’on constate des menaces répétées, des actions judiciaires et même des agressions physiques contre les membres de l’opposition est inquiétante », a déclaré l’envoyée spéciale des droits de l’homme de l’ONU lors de sa conférence de presse hier. «Incontestablement, il y a une différence entre ma mission en septembre et celle d’aujourd’hui. Il existe, sans aucune doute possible, davantage de tensions et de violations potentielles des droits de l’homme »
« Les tribunaux cambodgiens devraient appliquer les lois équitablement, en conformité avec le droit et indépendamment de l’appartenance politique des individus. Leur utilisation à des fins politiques est évidemment un sujet de préoccupation. La protection d’un espace démocratique à l’approche des élections doit être garantie pour tous les partis politiques et leurs adhérents.».
Elle a également évoqué l’incident survenu lundi dans la province de Preah Vihear: « J’ai moi-même fait l’expérience de ce à quoi les ONG sont désormais confrontées, lorsqu’un un soi-disant policier de la commune, lequel ne portait aucun uniforme, a tenté de mettre fin à ma rencontre avec des indigènes de la minorité Kuoy ». Elle a, à ce sujet, répété que selon la loi, de telles réunions ne nécessitaient aucune autorisation préalable.
Une disposition qui est pourtant fréquemment foulée aux pieds par les autorités.
Krystel Maurice