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A Phnom Penh, l’opposition réussit sa plus grosse manifestation depuis les élections

Phnom Penh a connu hier sa plus importante manifestation depuis le retour d’exil de Sam Rainsy, le leader de l’opposition, et depuis les élections du 28 juillet.

Plus de 100 000 personnes ont défilé dans les rues pour réclamer la démission du Premier ministre Hun Sen et de nouvelles élections, de l’avis même des  autorités municipales. L’opposition, elle, avance le chiffre de 500 000 participants, un chiffre sans doute sans doute surestimé, mais elle a sans conteste réussi sa plus forte mobilisation depuis le scrutin des élections. Le mouvement de contestation que certains disaient essoufflé  n’est donc visiblement pas prêt de prendre fin.

Fin de non-recevoir

Du parc de la Liberté où certains d’entre eux dorment depuis plus d’une semaine, les manifestants ont défilé durant plusieurs heures le long des grands boulevards jusqu’au stade olympique avant de revenir au parc.

Les forces de sécurité se sont tenues à distance mais l’on redoute un retournement de situation dans les jours à venir. Le Premier ministre Hun Sen a en effet clairement fait savoir vendredi qu’une intervention serait menée si l’opposition bloquait les routes, comme elle l’a annoncé.

Sam Rainsy dans cette vidéo du Phnom Penh Post : « Il n’y a aucun gouvernement au monde qui puisse aller contre la volonté de la population. C’est pourquoi je demande à Hun Sen d’examiner la situation plus clairement. Vous agissez contre la volonté de votre population. Avez-vous entendu ce qu’elle dit : “Hun Sen démission, Hun Sen démission !” ». Phay Siphan, porte-parole du gouvernement dans cette même vidéo: «  Quand ils comprendront que protester dans la rue ne sert à rien, ils nous écouteront à nouveau. La qualité d’une démocratie se mesure  à sa capacité de travailler ensemble. Se tourner le dos ne résoudra rien. »

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Depuis samedi dernier, le Parti national du sauvetage du Cambodge, qui revendiquait jusque là une enquête indépendante sur les allégations de fraudes lors du scrutin des législatives du 28 juillet, a changé de stratégie.
Plusieurs rapports émanant d’organismes indépendants, dont le dernier en date publié par l’Alliance pour la réforme électorale, jette plus qu’un doute sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces élections. Mais ni ce dernier rapport, ni les précédents, n’ont ébranlé la Commission  électorale qui continue de réfuter en bloc toutes ces accusations. Le pouvoir n’a rien concédé et les négociations entre le parti du Peuple cambodgien et l’opposition n’ont pas abouti.

Les députés de l’opposition ont obtenu 55 sièges et le Parti du peuple cambodgien 68 sièges. Mais selon ces résultats officiels, l’écart de voix entre les deux n’est que de 300 000.

L’opposition, dont les députés continuent de boycotter l’assemblée, a donc intensifié la pression. Elle a décidé de manifester tous les jours jusqu’à ce que de  nouvelles élections soient organisées ou que Hun Sen démissionne. Vendredi, celui-ci a adressé une fin de non-recevoir. «  Qu’ai-je fait de mal ? » s’est t-il étonné en expliquant que seuls les leaders de l’opposition réclamaient sa démission et non pas « les simples manifestants ». Hier, ses oreilles ont dû siffler.

Krystel Maurice