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Le massacre des forêts cambodgiennes

 

Un moratoire jamais appliqué

 

Le 7 mai 2012, le Premier ministre Hun Sen avait pourtant promulgué une directive établissant un moratoire sur les nouvelles concessions et ordonnant un réexamen des concessions existantes.
Un texte qui, au-delà des apparences, ouvre la porte à toutes les dérives puisqu’il autorise la conclusion des concessions se trouvant « à un stade avancé de négociation ou faisant l’objet d’un accord de principe ». Dès lors, bien malin celui qui pourra prouver que telle ou telle concession ne se trouvait pas déjà dans ce cas de figure à cette date.
Les prétendants aux concessions se sont en tout cas engouffrés dans la brèche avec la bénédiction des plus hautes autorités de l’État. Ainsi durant la seule période de mai à octobre 2012, soit les six mois qui ont suivi l’annonce fracassante de ce mémorandum, douze nouvelles concessions ont été attribuées, dont plusieurs dans des réserves et des parcs nationaux: réserve naturelle de Kulen Promptep dans la  province de Preah Vihear, parc national de Kirirom, réserve de Phnom Prich dans le Mondolkiri, réserve de Lumphat dans le Ratanakiri.

De plus, trois forêts protégées ont été entièrement déclassées pour être exploitées en concession : la réserve de Snoul  dans la province de Kratie, la forêt protégée de Preah Vihear et la réserve de Peam Krasob dans la province de Koh Kong.
Et depuis mai 2012, aucun réexamen des concessions n’a été mené et  aucune concession litigieuse annulée.

A ce jour, rien n’indique donc que l’avidité des uns et des autres sera freinée. Que vaut le destin de quelques dizaines de milliers de déshérités au regard des fortunes colossales qui sont en train de se constituer ? Et pourquoi se préoccuper des générations futures si l’État continue de les ignorer ?

 

Krystel Maurice