Au Cambodge et en Asie du Sud-Est, les feux provoquent des brouillards de pollution
Au Cambodge et dans toute l’Asie du Sud-Est, de la mi-janvier à avril, au début de la saison sèche, les agriculteurs allument des feux dans les campagnes et les forêts pour nettoyer et fertiliser les sols avant de les remettre en culture. Une technique ancestrale appelée culture sur brûlis qui, avec la croissance démographique, a des les effets dévastateurs sur l’environnement: destruction des forêts pour récupérer des terres, érosion des sols, dégradation de la qualité de l’air, effets néfastes sur la santé des populations, accroissements considérables des émissions de gaz à effets de serre….
Depuis une dizaine d’année, les satellites de la NASA photographient le phénomène. Nous avons attentivement examiné ces images, d’une année sur l’autre, pour tenter de cerner l’évolution de ces pratiques. Un exercice bien difficile puisque les vues qui nous sont livrées sont prises sur une période allant de janvier à avril, un laps de temps durant lequel l’intensité des activités des agriculteurs peut varier d’une semaine sur l’autre, d’un territoire l’autre.
Il n’en reste pas moins que l’ampleur de ces feux, tant au Cambodge que dans les pays avoisinants, est spectaculaire. Voici quelle était la situation au Cambodge et en Asie du Sud-Est au cours des 48 dernières heures.
La pollution liée à ces pratiques agricoles touche toute l’Asie du Sud-Est. Dans le nord de la Thaïlande, le phénomène est récurrent entre février et avril. La population est de plus en plus incommodée, au point que de nombreux habitants et touristes n’hésitent pas à fuir la région à cette époque pour revenir plusieurs semaines plus tard.
En mars dernier, les provinces de Chiang Rai, Chiang Mai, Lamphun, Lampang, Mae Hong Son, Nan, Phayao et Phrae furent durement touchées. Un brouillard de pollution très dense recouvrait la région, si dense qu’à certains endroits la visibilité n’atteignait pas 10 mètres, entrainant des retards dans les transports et la fermeture de l’aéroport de Lampang. Mais surtout, l’air, irrespirable, transportait de fortes concentrations microparticules nuisibles à la santé, presque trois fois supérieure à la norme. Des dizaines de milliers de patients traités dans les hôpitaux souffraient des maladies respiratoires, parmi lesquels en premier lieu, les enfants et les personnes âgées.
En 2010, la province de Mae Hong Son, à la frontière avec le Myanmar, avait été déclarée en état de catastrophe naturelle. Quelque douze mille personnes avaient sollicité de l’aide pour des troubles respiratoires ou des inflammations oculaires, tandis que le taux de particules en suspension dans l’air dépasse largement le seuil autorisé.
Krystel Maurice