En continu

Au Cambodge et en Asie du Sud-Est, les feux provoquent des brouillards de pollution

Les feux allumés au Cambodge au cours des 48 dernières heures, les 2 et 3 mars 2013.

Au Cambodge et dans toute l’Asie du Sud-Est, de la mi-janvier à avril, au début de la saison sèche, les agriculteurs allument des feux dans les campagnes et les forêts pour nettoyer et fertiliser les sols avant de les remettre en culture. Une technique ancestrale appelée culture sur brûlis qui, avec la croissance démographique, a des les effets dévastateurs sur l’environnement: destruction des forêts pour récupérer des terres,  érosion des sols, dégradation de la qualité de l’air, effets néfastes sur la santé des populations, accroissements considérables des émissions de gaz à effets de serre….

Culture sur brûlis entre Sisophon et Poïpet, février 2012. Photo ©Krystel Maurice

Culture sur brûlis entre Sisophon et Poïpet, février 2012. Photo ©Krystel Maurice

Depuis une dizaine d’année, les satellites de la NASA photographient le phénomène. Nous avons attentivement examiné ces images, d’une année sur l’autre, pour tenter de cerner l’évolution de ces pratiques. Un exercice bien difficile puisque les vues qui nous sont livrées sont prises sur une période allant de janvier à avril, un laps de temps durant lequel l’intensité des activités des agriculteurs peut varier d’une semaine sur l’autre, d’un territoire l’autre.

Il n’en reste pas moins que l’ampleur de ces feux, tant au Cambodge que dans les pays avoisinants, est spectaculaire. Voici quelle était la situation au Cambodge et en Asie du Sud-Est au cours des 48 dernières heures.

Les feux allumés au Cambodge au cours des 48 dernières heures, les 2 et 3 mars 2013.

Les feux allumés au Cambodge au cours des 48 dernières heures,
les 2 et 3 mars 2013.

 

Les feux allumés en Asie du Sud- Est, les 2 et 3 mars 2013.

Les feux allumés en Asie du Sud- Est, les 2 et 3 mars 2013.

 

Le 11 février 2013, les feux captés par un satellite de la Nasa au-dessus du territoire cambodgien.

Le 11 février 2013, les feux captés par un satellite de la Nasa
au-dessus du territoire cambodgien.

 

La riziculture est prédominante autour du lac Tonle Sap et des terres inondées. Sur cette image captée le 8 avril 2010 par un satellite de la Nasa, on voit clairement que la majorité de ces feux ( en rouge) ont été allumés au milieu de ces terres cultivées. Mais on remarque tout aussi clairement que de nombreux feux brûlent en lisière des forêts (en vert). Au fil des ans, celle-ci se réduit comme une peau de chagrin. Les habitants récupèrent le bois pour leur quotidien et des trafiquants abattent les arbres pour les vendre. Sur ces images, les feux allumés en lisière de foret sont sans doute destinés à nettoyer les parcelles pour les transformer en terre arables.

La riziculture est prédominante autour du lac Tonle Sap et des terres inondées.
Sur cette image captée le 8 avril 2010 par un satellite de la Nasa, on voit clairement que la majorité de ces feux (en rouge) ont été allumés au milieu de ces terres cultivées. Mais on remarque tout aussi clairement que de nombreux feux brûlent en lisière des forêts (en vert). Au fil des ans, celle-ci se réduit comme une peau de chagrin. Les habitants récupèrent le bois pour leur quotidien et des trafiquants abattent
les arbres pour les vendre. Sur ces images, les feux allumés en lisière de foret sont sans doute destinés
à nettoyer les parcelles pour les transformer en terre arables.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 9 février 2009, satellite de la Nasa au-dessus du Cambodge.

Le 9 février 2009, satellite de la Nasa au-dessus du Cambodge.

Une image très claire des feux deux ans auparavant, le 28 janvier 2007

Une image très claire des feux deux ans auparavant, le 28 janvier 2007.

 

Les feux au Cambodge, le 17 janvier 2003. NASA.

Les feux au Cambodge, le 17 janvier 2003. NASA.

La pollution liée à ces pratiques agricoles touche toute l’Asie du Sud-Est. Dans le nord de la Thaïlande, le phénomène est récurrent entre février et avril. La population est de plus en plus  incommodée, au point que de nombreux habitants et touristes n’hésitent pas à fuir la région à cette époque pour revenir plusieurs semaines plus tard.
En mars dernier, les provinces  de Chiang Rai, Chiang Mai, Lamphun, Lampang, Mae Hong Son, Nan, Phayao et Phrae furent durement touchées. Un brouillard de pollution très dense recouvrait la région, si dense qu’à certains endroits la visibilité n’atteignait pas 10 mètres, entrainant des retards dans les transports et la fermeture de l’aéroport de Lampang. Mais surtout, l’air, irrespirable, transportait de fortes concentrations microparticules nuisibles à la santé, presque trois fois supérieure à la norme. Des dizaines de milliers de patients traités dans les hôpitaux souffraient des maladies respiratoires, parmi lesquels en premier lieu,  les enfants et les personnes âgées.

En 2010, la province de Mae Hong Son, à la frontière avec le Myanmar, avait  été déclarée en état de catastrophe naturelle. Quelque douze mille personnes avaient sollicité de l’aide pour des troubles respiratoires ou des inflammations oculaires, tandis que le taux de particules en suspension dans l’air dépasse largement le seuil autorisé.

Le brouillard de pollution sur Chang Maï provoqué par la culture sur brûlis en mars 2012.

Le brouillard de pollution sur Chang Maï provoqué
par la culture sur brûlis en mars 2012.

 

Au même moment, voici le nuage de fumées provoqué par la combustion des biomasses au-dessus du nord de la Thaïlande capté par le satellite le 4 mars 2012.

Au même moment, voici le nuage de fumées provoqué par la combustion
des biomasses au-dessus du nord de la Thaïlande capté par le satellite le 4 mars 2012.

 

 

Krystel Maurice