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Un Nouvel An khmer très politique

Tous nos remerciements à Marigeri pour ce dessin réalisé pour Cambodge Post

Le Premier ministre Hun Sen et Sam Rainsy, le président du  Parti du sauvetage national du Cambodge, clament chacun de leur côté qu’un accord entre leurs deux partis est sur le point d’être conclu, avant ou juste après le Nouvel An. A les entendre tous deux, la fin de la crise politique au Cambodge serait donc sur le point de s’achever.

Nouvel An en prison

 

Sauf que le premier menace le second de l’incarcérer, peut-être dans le courant de la semaine, à la prison de Preah Sar, à Phnom Penh. Motif invoqué: Sam Rainsy aurait « insulté la monarchie » en adressant une lettre au roi Sihamoni  dans laquelle il aurait ni plus ni moins tenté de « l’inciter » à violer la Constitution. Plus clairement encore, Sam Rainsy serait passible d’une peine de prison d’un an pour ne pas avoir respecté la décision du Conseil constitutionnel concernant la formation légale de l’Assemblée nationale.

La semaine dernière, à l’occasion de l’ouverture de la seconde session du parlement, le roi avait présenté ses félicitations aux députés. Dans une missive, il disait espérer que l’assemblée, « représentative de tous les Khmers », résoudrait ses problèmes « en restant constamment fidèle à une démocratie multipartite ».

« Je voudrais dire à sa majesté » que l’assemblée n’était composée que des seuls députés du Parti du peuple cambodgien présents et que, par conséquent, « un parlement à parti unique » n’est pas représentatif de tous les cambodgiens, a écrit Sam Rainsy dans une lettre privée adressée au roi le 2 avril.

On l’aura compris, le Premier ministre s’est saisi de ce qu’il appelle « une sérieuse insulte » pour faire monter la mayonnaise en pleine négociation entre les deux partis.

Menaces de  nouvelles manifestations

Sam Rainsy qui a rejeté ces allégations lui a renvoyé la politesse hier en rappelant qu’en 2005, c’est Hun Sen lui-même qui avait menacé « d’éliminer la monarchie » si le roi ne signait pas un traité controversé sur la frontière avec le Vietnam.

Et dans la foulée, le chef de l’opposition a tiré une autre flèche de son carcan: si aucun accord avec le Parti au pouvoir n’intervient il appellera à de nouvelles manifestations « massives » le 2 mai, menaçant de faire descendre dans la rue  deux millions de personnes.

Mais d’ici là, les uns et les autres continueront sans doute de faire monter la pression. Une petite semaine nous sépare encore du Nouvel An…

 

Krystel Maurice