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Droits de l’homme: associations et syndicats réclament une enquête sur la disparition d’un adolescent suite à la répression des manifestations du textile

Photo Licadho

Cinquante quatre syndicats et associations internationaux et cambodgiens exhortent le gouvernement à mener une enquête sur la disparition de Khem Sopath, un adolescent de 16 ans, dont on est sans nouvelle depuis la répression sanglante des forces de l’ordre le 3 janvier contre des ouvriers du textile dans la banlieue de Phnom Penh. Quatre personnes au moins ont été tuées et des dizaines d’autres blessées au cours de cette manifestation, route Veng Sreng, dans le parc industriel Canada.

L’adolescent a  été vu pour la dernière fois dans la matinée du 3 janvier, gisant à terre, la poitrine ensanglantée, apparemment atteint par des tirs. Il n’a pas été revu depuis.

Dans une lettre rendue publique hier, les signataires, parmi lesquels Amnesty international, Human Right Watch, l’Alliance des syndicats cambodgiens ( CATU), la Licadho, le Centre cambodgien pour la défense des droits de l’homme ( CCHR) et Adhoc, estiment qu’au vu des témoignages, « il y a tout lieu de penser que Khem Sopath a été victime d’une disparition forcée ».

Une personne est victime de « disparition forcée » lorsqu’elle est arrêtée, détenue ou enlevée par l’État ou par des agents opérant pour le compte de l’État qui nient ensuite détenir cette personne, ou qui refusent de révéler où elle se trouve.

Les signataires de cette lettre rappellent que le gouvernement cambodgien qui a signé le 27 juin 2013  la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (ICCPED en anglais) reste lié par ce traité. Il doit donc à ce titre mené une enquête appropriée pour « rechercher, localiser, relâcher les personnes disparues » et « restituer les corps en cas de décès »

Or à ce jour, aucune enquête appropriée n’a été menée par le gouvernement. Le général Keng Titho avait au contraire publié un communiqué le 7 janvier dans lequel il déclarait que les investigations se concentreraient, non sur les forces de polices, mais sur les « instigateurs ».

La Licadho et Adhoc, deux associations cambodgiennes de défense des droits de l’homme, ont mené leurs


propres enquêtes dans le cadre de leur mandat mais n’ont pas pu localiser l’adolescent.

Les signataires pressent donc le gouvernement d’enquêter immédiatement sur sa disparition dans le respect de la Convention internationale qu’il a signé et de tenir informé sa famille des progrès de l’enquête. S’il s’avère que Khem Sopath a bien été victime d’une disparition forcée, les auteurs de ce crime doivent être traduits en justice, ajoutent-ils.

 

« Où est ma justice ?», une campagne du CCHR

Autre initiative lancée aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale pour le droit à la vérité de l’ONU, celle du Centre cambodgien des droits de l’homme (CCHR) qui lance une campagne intitulée « Où est ma justice ? ».
Cette campagne soutenue par une pétition appelle le Premier ministre Hun Sen à faire toute la lumière sur les violents incidents survenus dans la période post-électorale.
Depuis le 15 septembre, six personnes ont été tuées par balles, au moins un adolescent a disparu et des dizaines de personnes ont été blessées au cours de manifestations durant lesquelles les forces de l’ordre ont tiré sur la foule. « Des manifestants ont été arrêtés et inculpés mais aucune enquête indépendante n’a encore été menée concernant l’usage excessif de la force par les forces de sécurité cambodgiennes », rappelle le CCHR.

Au travers de cette campagne, l’association de défense des droits de l’homme réclame une fois de plus une enquête indépendante sur ces violations et la comparution en justice des auteurs des faits afin que les victimes et les familles puissent exercer leurs droits à la « justice, à la vérité et aux recours légaux ».

 

Krystel Maurice