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Les forces de police bloquent une marche de femmes et un forum organisés par des syndicats

Vidéo Phnom Penh Post

Dix-huit syndicats de travailleurs, essentiellement des syndicats du textile, avaient appelé aujourd’hui à un forum public au parc de la Liberté à Phnom Penh. A l’ordre du jour, la hausse du salaire minimum à 160 dollars et la libération des 21 personnes toujours incarcérées près de Kompong Cham à la suite des violentes manifestations du 2 et 3 janvier dernier.

Ce forum  devait, selon eux, rassembler 20 à 30 000 personnes et constituait la seconde étape d’une campagne pour défendre leurs droits. La semaine dernière,  ils avaient appelé les ouvriers à refuser les heures supplémentaires et du 12 au 19 mars, ils devraient inviter les salariés à faire grève en restant chez eux.

Il y a quelques jours, le Premier ministre Hun Sen avait proclamé,  la levée de l’interdiction de rassemblement, en vigueur depuis le 4 janvier. La tenue de ce forum coïncidant avec la journée internationale des femmes, on aurait effectivement pu s’attendre à une participation importante.

Bonus

Mais jeudi, les organisateurs se sont vus refuser les autorisations. Plus explicite, Sar Keng, le ministre de l’Intérieur, avait précisé hier lors d’une cérémonie organisée dans son ministère: « Nous n’autoriserons ni rassemblement, ni marche, car cela pose des problèmes de sécurité publique. Nous devons éviter que des problèmes surviennent à nouveau. Nous devons nous rassembler pour protéger notre sécurité nationale, notre stabilité, le résultat de nos élections, le gouvernement et l’assemblée nationale ».
Dans la foulée de cette déclaration, le ministre a remercié les forces de sécurité pour leur efficacité lors des manifestations de l’opposition et des grèves dans le textile.
Au total sept manifestants ont été tués depuis septembre et des dizaines d’autres blessés.
Joignant le geste à la parole, le ministre de l’Intérieur a offert 54 477 dollars au généneral Neth

Savoeun, chef de la police national et à ses 3 133 collaborateurs. « La dernière fois, je vous ai donné 25 dollars chacun, aujourd’hui 17 dollars. Mais il y aura d’autres bonus » a-t-il déclaré devant la presse et la foule rassemblée.

Dès hier soir, les forces de police patrouillaient donc autour du Parc de la liberté. A 7h ce matin, des barrières étaient installées pour en interdire les accès. Journalistes et passants étaient tenus à distance par des dizaines d’hommes casqués. Une fois de plus, les gardiens municipaux nettoyaient la place, dispersant une cinquantaine de personnes, agitant leurs bâtons et renversant les motos parquées à proximité.

Empêchés de pénétrer dans le parc,  quelque 500 personnes se sont alors  rassemblées sur le pont du Naga, non loin du parc. Au fil du temps, les uns et les autres ont pu se faufiler en bordure du parc et les responsables syndicaux se débrouillés pour improviser un mini-forum.
A deux pas de là, les forces de l’ordre munis de grenades lacrymogènes, barraient toujours l’accès au parc. Durant une brève conférence de presse, plusieurs responsables syndicaux ont dénoncé l’interdiction du rassemblement par les autorités et l’action de la police.
Une heure plus tard, Mam Sonando, le patron de la radio Beehive et ancien prisonnier de conscience parvenait à rejoindre le petit groupe qui débattait.
Il avait été précédé un peu plus tôt par Sam Rainsy et Kem Sokha, les dirigeants du parti de l’opposition. Juchés sur un camion ils étaient venus rapidement apporter leur soutien à ceux qui se trouvaient encore du côté du Pont du Naga. « C’est la journée internationale de la femme. La plupart des employés du textile sont des femmes. Elles réclament un salaire de 160 dollars et la libération des 21 détenus. Je soutiens fermement ces objectifs »

Journée internationale de la femme

Dans le même temps, sur le boulevard Monivong, une centaine de femmes des communautés expulsées des quartiers de Boeng Kak, de Borei Keila et  de Tmor Kol entamaient une marche en cette journée internationale de la femme. Accompagnées par une quarantaine de moines, elles se dirigeaient vers le ministère de la condition féminine pour y remettre une pétition demandant la libération des 21 détenus parmi lesquels figure l’époux de l’une d’entre elles. Mais arrivées vers l’hôpital Calmette, elles ont été bloquées par un cordon de police et ont du rebrousser chemin sans pouvoir remettre leur pétition.

 

Krystel Maurice