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Cambodge: poursuite de la sécheresse jusqu’en juillet

Toutes les provinces du Cambodge sont touchées par la sécheresse. Le Cambodge n'a jamais connu une telle sécheresse depuis cinquante ans. Photo Krystel Maurice

Au Cambodge, la sécheresse devrait se poursuivre jusqu’en juillet, selon un communiqué publié jeudi par le ministère cambodgien des ressources en eau et de la météorologie.

Le Cambodge mais aussi la Thaïlande, le Vietnam et le Laos subissent une des pires sécheresses de ces dernières décennies. A l’origine de cette situation plusieurs raisons sont avancées: le réchauffement climatique causé par l’homme mais aussi le phénomène El Niño, un courant d’eau chaude qui prend naissance en Amérique du sud et dont les effets bouleversent l’ensemble du climat de la planète. Nombreux sont ceux qui pointent aussi du doigt les barrages construits par la Chine sur le Mékong.

En Thaïlande, une trentaine de provinces sur les 76 que compte le pays sont touchées à des degrés divers. La hauteur des barrages est inférieure à 10% et les réserves d’eau potable de plusieurs grands réservoirs ont diminué de plus de 50%. L’agriculture est durement affectée. Des milliers d’hectares de rizières ont été détruits faute d’irrigation et, ici et là, les experts conseillent aux agriculteurs de s’orienter à l’avenir vers des cultures moins gourmandes en eau.

Au Vietnam, le delta du Mékong est en proie à la sécheresse la plus sévère jamais enregistrée depuis 90 ans, selon un rapport de l’ONU publié à la mi-mars. Selon ce rapport, près d’un million de personnes vivant dans le sud et le centre du pays souffrent du manque d’eau potable. Le niveau du Mékong a atteint son plus bas niveau depuis 100 ans, date à laquelle les premiers relevés ont été effectués.
Dans la région du delta, le grenier à riz du pays, l’intrusion d’eau salée en provenance de la Mer de Chine a été plus précoce que d’habitude et d’une ampleur beaucoup plus importante, souligne l’ONU.  Fin décembre 159 00 hectares de riz avaient déjà été détruits et 500 000 autres hectares le seront probablement d’ici la mi-2016, selon l’organisation.  Fin février, la salinisation avait ainsi déjà contaminé des secteurs situés à 93 km en amont de l’embouchure de la rivière Vam Co ainsi que ceux situés à une soixantaine de km au nord des estuaires de la rivière Tien et de la rivière Hau.

Au Cambodge, de nombreuses provinces sont également touchées et le manque d’eau se fait cruellement sentir, en particulier dans l’est et le nord-est du pays. Selon le porte-parole du ministère de la ressource en eau, le Cambodge n’a pas connu une telle situation depuis 50 ans.
L’an dernier, les pluies de mousson ont été peu abondantes. La saison froide n’a pas daigné montrer le bout de son nez et des températures élevées sont enregistrées depuis le mois de novembre. Ici comme dans les autres pays riverains du Mékong, les réserves d’eau s’épuisent. Et il ne faudra guère compter sur les pluies de mai pour voir la situation s’améliorer. Celles-ci resteront en effet très localisées et peu abondantes, selon les prévisions météorologiques.
Les agriculteurs qui habituellement retournent dans les rizières en avril, dans la foulée des fêtes du Nouvel An, seront donc contraints de patienter encore trois mois. Le retour à la normale ne devrait pas intervenir avant le mois de juillet.

 

Krystel Maurice