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Cambodge: Phnom Krom sous les vents du Grand Lac

Les trois tours-sanctuaires de Phnom Krom. Toutes photos Krystel Maurice

La visite du temple de Phnom Krom est souvent boudée par les touristes. Et c’est plutôt une bonne nouvelle car c’est l’un des rares temples du complexe d’Angkor où l’on aura peut-être la chance de se retrouver seul.

Dressé  sur une colline à 12 km au sud de Siem Reap, Phnom Krom bénéficie en outre d’une vue époustouflante sur les rives du  Tonle Sap, les rizières et les champs de lotus.  Certes, il faudra grimper un long escalier pour y parvenir mais l’effort sera vite récompensé.  Vers la fin de l’après-midi, la plaine aligne ses dégradés d’émeraude jusqu’au bout de l’horizon. Le ciel se noie dans le lac avant de s’embraser au  coucher du soleil. Côté nord, le regard porte sur deux collines pratiquement alignées. La première supporte le temple de Phnom Bakeng tandis que la seconde est couronnée par le temple de Phnom Bok auquel nous consacrerons un prochain article.

L'une des vues depuis le sommet de Phnom Krom. Photo Krystel Maurice

L’une des vues depuis le sommet de Phnom Krom. Photo Krystel Maurice

Avec celle de Phnom Krom, ces trois collines délimitaient Yaçodharapura, la première capitale construite sur le site Angkor, ainsi que l’avait voulu le roi Yaçovarman 1er. Mais si ces trois temples ont été construits à la même époque -entre fin du IXe siècle et le début du Xe– aucune inscription ne permet cependant d’affirmer avec certitude que Phnom Krom a été construit par Yaçovarman 1er.

Dégagé par Maurice Glaize en 1938,  le temple a été passablement dégradé par les fortes rafales de vents du lac. Des dix édifices rectangulaires qui bordaient l’enceinte ne subsistent aujourd’hui que quelques vestiges ( à droite sur la photo ci-dessous).

Moines jouant avec les décombres des salles longues qui entouraient le temple.

Moines jouant avec les décombres des salles longues qui entouraient le temple.

A l’est, quatre bibliothèques sont toujours debout, mais elles sont, elles aussi, en mauvais état.

Face aux sanctuaires, quatre édifices carrés, en briques pour ceux situés aux extrémités, en latérite pour les deux autres.

Face aux sanctuaires, quatre édifices carrés, en briques pour ceux situés aux extrémités, en latérite pour les deux autres.

Sur une plateforme commune par laquelle on accède par des escaliers protégés par des lions, se dressent trois tours-sanctuaires.  La tour centrale, à l’origine la plus haute, a perdu ses deux étages supérieurs, tandis que les autres tours ont perdu le dernier.
Ouverts à l’est comme à l’ouest- ce qui est plutôt inhabituel – ces sanctuaires étaient  dédiés aux trois grands dieux de l’hindouisme: Brahma, Vishnou et Shiva. Les décorations qui les recouvraient ont presque toutes disparu, lessivées par les intempéries. Quant aux statues qui se trouvaient à l’intérieur, elles ont été transportées à la Conservation d’Angkor afin de limiter les dommages.

C’est aussi à la Conservation que se trouve aujourd’hui cet immense dvarapala de grès d’une hauteur de 3,20m de haut. Il gardait autrefois la tour nord, comme on le voit sur cette photo prise en 1938.

Mais les regrets seront pour un autre jour. Des rires d’enfants montent du village de Chong Kneas en contrebas, des femmes s’interpellent, des silhouettes s’animent sur le terrain de football improvisé. Alors on s’abandonne sur le banc de pierre jusqu’à la nuit tombante, profitant du panorama et de la brise qui caresse le promontoire.

 

Krystel Maurice