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Cambodge: Phnom Penh en proie à la fièvre immobilière

Phnom Penh, vue de Chroy Changvar, 2016. Photo Krystel Maurice

Les grues dessinent le nouveau paysage de Phnom Penh. De mois en mois de nouvelles tours partent à la conquête des quartiers. Logements, bureaux, surfaces commerciales sortent de terre à une vitesse impressionnante, la ville a des allures de gigantesque chantier, les prix s’envolent.

Jusqu’en 2009, le centre de la capitale était essentiellement constitué de villas, de boutiques et d’immeubles peu élevés comprenant au maximum une trentaine de logements proposés à la vente ou à la location par des propriétaires cambodgiens.

Mais la fin de la crise économique mondiale a sonné le glas d’une capitale que l’on disait être la dernière en Asie à avoir conservé un urbanisme horizontal. Des immeubles plus élevés (appelés aussi condominium en anglais) ont fait leur apparition en 2009-2010 proposant un total de 732 logements à la vente durant la période.
Nombre de propriétaires cambodgiens se sont alors associés à des développeurs asiatiques pour entreprendre des projets immobiliers de plus grande ampleur. Au total, fin 2015, 13 nouveaux programmes de « condo » comprenant plusieurs centaines d’appartements ont été achevés, soit 2836 appartements, selon le cabinet international d’expertise-conseil Knight Frank.

 

A Chroy Changavar en 2009. Photo Krystel Maurice

A Chroy Changavar en 2009. Photo Krystel Maurice

Là où, en 2009, vaches et chèvres broutaient l’herbe, de vastes complexes voient le jour comme à Chroy Changvar ou à Koh Pich. Et la tendance est loin de fléchir. Pour les quatre prochaines années, 56 nouveaux projets sont dans les tuyaux des développeurs représentant un total de quelque 18200 appartements, dont près de la moitié situés dans le district de Chamkarmon. « Si tous ces projets étaient réalisés, le stock d’appartements augmenterait ainsi de 641% dans les quatre prochaines années», souligne le cabinet Knight Frank dans son dernier rapport.

Phnom Penh, quartier du Stade Olympique, 2016

Phnom Penh, quartier du Stade Olympique, 2016. Photo Krystel Maurice

 

Une clientèle étrangère

Dans ces conditions, l’offre résidentielle ne va-t-elle rapidement surpasser la demande comme le redoutent de plus en plus d’observateurs? Le marché local est en effet limité, les Cambodgiens les plus aisés et les expatriés étant peu demandeurs. Pour l’heure, seule une petite proportion de locaux habite ces appartements, souligne le rapport de Knight Frank. Et ceux qui ont seulement cherché à investir, préférant vivre dans des villas plus spacieuses.

De nombreux promoteurs se sont donc tournés vers la clientèle étrangère. Taïwanais, Chinois, Singapouriens, Japonais et Malaisiens sont les principaux acheteurs de ces appartements, une tendance qui devraient se poursuivre sur le court terme. Et ce sont les appartements haut de gamme qui remportent la palme de l’occupation, avec un taux de 72%.

 

Hausse vertigineuse des prix

Si les investisseurs continuent d’être attirés par une croissance économique qui flirte avec les 7%, il reste que la compétition entre promoteurs sera de plus en rude dans les années à venir. A ces inquiétudes, d’autres facteurs pourraient également conduire à un ralentissement du secteur, comme l’approche des élections de 2018 ou des règles de constructions plus strictes liées à la récente approbation du schéma directeur de la ville, note le cabinet conseil.
Pour l’heure, les prix qui ont subi une hausse vertigineuse en quelques années- l’une des plus rapides de toute la région Asie-Pacifique- continuent de grimper. Mais ils ont probablement atteint leur limite notamment en ce qui concerne les programmes haut de gamme, souligne Knight Frank.
En banlieue, la moyenne des prix se situe en dessous de 2000 $/m2, à l’exception de quelques programmes comme The Bay et La Vie sur Chroy Changvar où les prix sont plus élevés. Dans le centre, le prix des appartements haut de gamme dépassent 3000 $/m2, certains appartements-terrasse atteignant même 5000 $/m2.

 

Krystel Maurice