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Au Cambodge, Harihara retrouve sa tête grâce à l’accord signé avec le Musée Guimet

Harihara, au Musée national du Cambodge. Photo Krystel Maurice ( avec autorisation)

Elle est ce matin l’objet de toutes les attentions. Harihara a retrouvé sa tête et est exposée aujourd’hui pour la première fois dans son intégralité au Musée national du Cambodge. Grâce à une convention d’échange signée avec le Musée Guimet à Paris, la statue trône désormais au milieu des visiteurs qui se bousculent à Phnom Penh.

La tête de cette divinité hindoue du 7e siècle avait été découverte par l’administrateur colonial Etienne Aymonier à la fin du 19e siècle sur le site du temple de Phnom Da, un piton rocheux proche d’Angkor Borei, dans la province de Takéo. Ramenée en France, elle avait été acquise par ce passionné d’art asiatique qu’était Emile Guimet, fondateur du musée qui porte aujourd’hui son nom. Elle vient de regagner le Cambodge après avoir passé ces 126 dernières années à Paris.

Hier, à l’occasion d’une cérémonie officielle à laquelle assistaient quelque deux cents personnes, la tête de la statue a retrouvé son corps. Pour l’occasion, elle a été sortie du musée et ce matin, les restaurateurs procédaient à quelques « rebouchages » nécessaires.

« Ces œuvres sont extrêmement fragiles », explique Bertrand Porte, responsable de l’Atelier de restauration de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) au musée. « Cette statue a une très longue histoire. En 1923, Georges Groslier a retrouvé les deux mains de la statue et en 1944, Pierre Dupont, membre de l’EFEO, en a retrouvé le corps et les jambes. C’est d’ailleurs Pierre Dupont qui a fait le rapprochement entre la tête exposée à Guimet et le reste de la statue. En 1998-1999, nous avons fait des moulages qui ont permis de confirmer ce que l’on savait déjà ».

Harihara, au Musée National du Cambodge. L'équipe de restauration du musée procède à quelques rebouchages suite à la réception donnée en son hommage hier. Photo Krystel Maurice (avec autorisation)

Harihara, au Musée National du Cambodge. L’équipe de restauration du musée procède à quelques rebouchages suite à son transport pour la réception donnée hier devant le musée. Photo Krystel Maurice (avec autorisation).

« L’échange de dépôt » entre le Musée Guimet et le Musée national du Cambodge-car il s’agit bien d’un échange, le musée Guimet restant propriétaire de la pièce- a été signé pour une durée de cinq ans. L’accord prévoit qu’en retour, le Cambodge enverra à Paris les fragments manquants de la statue d’Uma dansante, lesquels ont été dégagés en 2013 sur le site Prasat Thom à Koh Ker. La statue du 10 e siècle que l’on voit ici en photo devrait donc retrouver ses chevilles, ses pieds ainsi que son piédestal dès le mois de mars.

 

Krystel Maurice