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Phnom Bakheng, première capitale sur le site d’Angkor

La tour centrale du temple de Phnom Bakheng, face est.

Victime de son succès, le temple de Bakheng est sans doute le plus menacé des temples du site d’Angkor. Ces dernières années, des milliers de touristes s’y pressaient au coucher du soleil pour profiter de la vue sur Angkor Wat, mais aussi sur la colline de Phnom Krom, plus au sud, et sur le Bârây occidental, à l’ouest. En fin d’après-midi, les bousculades sur l’escalier central étaient légion et l’Autorité Apasara qui gère les temples a donc décidé de limiter le nombre de visiteurs à trois cents personnes pour des raisons évidentes de sécurité.

Vestiges des tours de briques au nord du temple.

Vestiges des tours de briques au nord du temple.

C’est dans la première moitié du 10e siècle que le roi Yaçovarman 1er décida de construire une nouvelle ville baptisée Yaçodharapura sur le site d’Angkor, abandonnant l’ancienne capitale royale de Hariharalaya, située à Rolûos, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de l’actuelle ville de Siem Reap.

Ceinturée par une levée de terre de 4 km de côté, cette nouvelle capitale fut sans doute, de par sa taille, l’une des plus importantes jamais construite à cette époque.

Au centre de ce nouveau royaume, il édifia sur la colline le temple-montagne de Bakheng, dont l’architecture, avec ses terrasses carrées entourées de tours, s’inspire largement de celle du temple de Bakong. Dédié à Çiva, ce temple brahmanique domine la plaine à 67 m de hauteur. Quatre gopura dont il ne reste plus aujourd’hui que les fondations permettent de pénétrer sur le site.

Taillé dans le rocher, le temple proprement dit occupe le sommet de la colline. Il présente la forme d’une pyramide à cinq niveaux autour et sur laquelle 108 tours étaient érigées, un chiffre sacré selon la cosmogonie hindoue. Au sommet, cinq de ces tours étaient disposées en quinconce, une configuration que l’on retrouvera par la suite dans nombre de temples. Aujourd’hui, seule la base de la tour centrale est encore en état, les autres tours sont en ruine ou ont disparus.

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Bakheng fait actuellement l’objet d’importants travaux sur sa partie est menés par l’ONG américaine World Monuments Funds. Le projet consiste à conforter la structure, sérieusement menacée par des infiltrations d’eau. La technique retenue est pour le moins radicale. Les murs et les terrasses sont entièrement démontés, les fondations recouvertes d’un géotextile, les blocs de pierre abîmés remplacés par des blocs retrouvés ailleurs sur la colline et le tout est remonté à l’aide de grues télescopiques. Un procédé qui s’assimile davantage à de l’ingénierie qu’à de la restauration et qui provoquent froncements de sourcils et grincements de dents du côté des archéologues.

 

Texte et Photos Krystel Maurice