En continu

Ieng Thirith perd-elle la mémoire ?

Ieng Thirith, inculpée de génocide.

Ieng Thirith, ex-ministre des affaires sociales durant le régime de Pol Pot , comparaissait le  15 février devant le Tribunal chargé de juger les  Khmers rouges pour demander la suspension de sa détention provisoire. Or, rapporte le quotidien de langue française Cambodge Soir,  l’accusée semble avoir perdu la mémoire et souffrir de troubles psychiques : «Lorsque le président lui a demandé à qui elle était mariée, elle a répondu : “Je ne m’en souviens pas,  j’ai oublié son nom. Je sais qu’il a comparu ici il y a peu, mais pouvez-vous me rappeler son nom ?».

Aujourd’hui âgée de 77 ans et épouse de l’ex-ministre des Affaires étrangères du Kampuchea Démocratique Ieng Sary, Ieng Thirith était la ministre des Affaires sociales du régime de Pol Pot.

Ses co-avocats, Phat Pouv Seang et Carlyle A. Thayer, ont avancé, «le manque d’éléments de preuve suffisants concernant la fuite, le trouble à l’ordre public et les pressions sur les témoins ou leurs proches » pour appuyer leur demande de libération. Avant d’évoquer son «état de santé et le rappel de son souhait de garder le silence sur l’affaire».

Or, depuis le 21 décembre, Ieng Thirith, ainsi que les trois autres accusés, l’idéologue et numéro deux du régime, Nuon Chea; le chef de l’État Khieu Samphan et Ieng Sary, est poursuivie pour génocide, une accusation qui s’ajoute aux chefs de crimes de guerre, assassinat, torture et persécution religieuse. Les quatre accusés qui disent ignorer ce génocide ont choisi de garder le silence.

«Des pressions peuvent être exercées si elle est libérée, a indiqué le substitut du co-procureur aux CETC. A chaque audience, elle a fait pression sur les membres du Tribunal, et est de nature à faire peur aux victimes, nous ne pouvons pas nous permettre de la laisser faire cela devant les médias. De plus, sa liberté de déplacement dans Phnom Penh serait contraire au bon déroulement de la procédure.»

L’année dernière, lors d’une précédente comparution, elle avait menacé le tribunal : « Ne m’accusez pas d’être une meurtrière. Sinon, vous serez maudits à jamais et vous irez en enfer! »

Ieng Sary, âgé de 85 ans est apparu très affaibli le 11 février devant le tribunal de Phnom Penh, demandant à être libéré dans l’attente de son procès. L’audience a été suspendue à deux reprises pour que l’accusé puisse se rendre aux toilettes, avant qu’il ne déserte le tribunal. Il  été hospitalisé plusieurs fois pour des problèmes urinaires et cardiaques depuis son arrestation fin 2007.

La défense des quatre responsables rouges est suspectée de faire traîner la procédure pour leur permettre de mourir avant de rendre compte de leurs responsabilités. Leur procès pourrait démarrer vers la fin de l’année.

 

Krystel Maurice