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Cambodge: mandat d’arrêt lancé contre Sam Rainsy, le chef de l’opposition

Le tribunal de Phnom Penh a émis aujourd’hui un mandat d’arrêt contre Sam Rainsy, le chef de l’opposition cambodgienne pour une affaire judiciaire qui remonte à 2008.

Cette année-là, Hor Namhong, le ministre des affaires étrangères, avait déposé une plainte en diffamation contre Sam Rainsy qui l’avait accusé de diriger le camp de prisonniers de Boeng Trabek  sous les Khmers rouges. Trois ans plus tard, en 2011, tandis que Sam Rainsy qui possède la nationalité française était en exil en France pour échapper à une autre condamnation, le tribunal l’avait condamné par contumace à une peine de deux ans de prison et à une amende de 2000 $.

Grâcié par le roi, il n’était revenu au Cambodge qu’en juillet 2013, quelques jours avant les élections législatives.

Le mandat d’arrêt émis aujourd’hui précise que le jugement, confirmé par la Cour d’appel en 2013, doit être exécuté et que Sam Rainsy doit être incarcéré.
Sam Rainsy qui se trouve actuellement en déplacement en Corée du sud n’a pour l’instant fait aucun commentaire, mais il a publié ce mandat d’arrêt sur sa page Facebook.

Au cours des deux dernières semaines, le Premier ministre Hun Sen a menacé Sam Rainsy à plusieurs reprises de le poursuivre en justice. Hier, il lui avait reproché d’avoir déclaré que le Parti du peuple cambodgien (PPC) programmait d’annuler les élections de 2018 par crainte de les perdre.

Lors d’une conférence de presse jeudi à Tokyo, Sam Rainsy avait lancé : «  Il est désormais clair comme de l’eau de roche que le PPC veut éviter la tenue d’élections démocratiques ». Il avait appelé la communauté internationale à faire pression sur le Premier ministre pour que les élections communales de 2017 et les législatives de 2018 soient maintenues. Selon lui, l’attaque sauvage menée contre deux députés de l’opposition le 26 octobre suivie de l’éviction « illégale » de Kem Sokha, le numéro du parti d’opposition, de la vice-présidence de l’assemblée nationale feraient partie d’une stratégie plus globale visant à faire capoter les élections.

Dans une vidéo et un message très virulents postés sur sa page Facebook, Hun Sen avait rétorqué jeudi en brandissant le spectre d’une possible accusation pour « diffamation » contre lui, tout en rappelant qu’il pourrait être également poursuivi pour avoir appelé à des manifestations contre le gouvernement en 2013.
Lors de sa toute récente visite officielle à Paris au cours de laquelle une convention d’extradition entre la France et le Cambodge a été signée, le Premier ministre avait également menacé le leader de l’opposition d’avoir des comptes à rendre devant la justice dans le dossier concernant Hong Sok Hour, le sénateur franco-cambodgien du Parti de Sam Rainsy arrêté le 15 août. Ce dernier avait été accusé de « trahison » par le Premier ministre Hun Sen pour avoir posté sur sa page Facebook un faux traité concernant la frontière du Vietnam.

 

Krystel Maurice