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Espoir pour la survie des dauphins du Cambodge

Le taux de mortalité des dauphins d’Irrawaddy est en recul, ont annoncé hier WWF Cambodge et le département de l’administration des pêches dans un communiqué commun.

Depuis 2004, cette espèce également appelée dauphin du Mékong, figure sur la liste des espèces menacées établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

Selon les derniers recensements, la population totale dans la région est de 80 individus seulement vivant le long d’un tronçon de 190 km entre la frontière laotienne et Kratie, contre 85 en 2010. Mais le déclin de l’espèce est en régression, passant de 7% par an en 2007 à 1,6% en 2015.

Et surtout, le pourcentage de jeunes dauphins parvenant à l’âge adulte est désormais de 0,8% alors qu’il était nul jusqu’en 2013. Ce dernier résultat est encourageant, soulignent les responsables de ces organismes. «  Si le taux de mortalité est stoppé, la population sera stabilisée et pourra se multiplier sur le long terme ».

Ce ralentissement du déclin des cétacés est le fruit des efforts menés par WWF Cambodge en collaboration avec le département de la pêche, souligne le communiqué de presse, rappelant les mesures de protection mises en place ces dernières années pour protéger leur habitant ainsi que l’instauration de patrouilles pour débusquer les pêcheurs qui installent des filets dans les zones où ils vivent.

Mais les projets de construction de 11 barrages sur le bassin inférieur du Mékong, principalement au Laos, continue de préoccuper WWF. Ainsi, le barrage de Don Sahong, au sud du Laos, en lisière avec la frontière cambodgienne, sera situé à seulement un kilomètre de l’habitat des mammifères. Le Fonds mondial pour la nature qui réclame sa suspension redoute que ce barrage ne bloque une route de migration des poissons nécessaires à l’alimentation des dauphins. Il craint également que les explosifs utilisés pour sa construction n’endommagent leur appareil auditif, lequel est très sensible et leur permet de s’orienter.

Le dauphin d’Irrawady qui vit aussi bien dans l’eau douce que dans l’eau salée est le descendant d’animaux que le recul des océans a emprisonnés à l’intérieur des terres il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Gris et discret, le nez court et plat, on l’assimile souvent à l’orque dont il présente des similitudes sur le plan génétique.

Les Cambodgiens, eux, le vénèrent car ils pensent qu’il est la réincarnation d’êtres humains. Selon une légende populaire, une jeune fille poursuivie par les forces du mal avait cherché refuge dans le Mékong. Le fleuve avait entendu ses prières et l’avait métamorphosée en une créature de la rivière pour la protéger. Elle avait ainsi pu échapper aux démons et avait vécu en paix. C’est ainsi, disent les habitants de la région, que sont nés ces dauphins.

 

Krystel Maurice