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Cambodge: le gouvernement met fin à la privatisation des temples d’Angkor

En 2014, plus de deux millions d’étrangers ont visité les temples, le montant de la vente des tickets représentant 59 millions de dollars. Photo Krystel Maurice

En 2016, le gouvernement cambodgien gèrera intégralement les temples d’Angkor, mettant fin à la concession très controversée de l’entreprise privée Sokimex en charge de la vente des tickets d’entrée. L’annonce en a été faite hier par le Premier ministre Hun Sen sur sa page Facebook.

Selon le communiqué du Premier ministre, c’est à la demande du groupe Sokha Hôtel, filiale de la Sokimex, que cette décision a été prise.

«  Le gouvernement royal du Cambodge gèrera entièrement le parc d’Angkor, y compris le personnel, les revenus et les dépenses », lit-on dans ce communiqué qui précise que les employés conserveront leurs emplois.

La Sokimex avait obtenu une première concession d’exploitation des temples en 1999. Cette société aux multiples activités est dirigée par Sok Kong, l’un des hommes d’affaires parmi les plus puissants du pays et proche du parti au pouvoir.

Depuis cette date, l’opposition réclame à cor et à cri qu’il soit mis fin à ce contrat au profit d’une gestion publique plus transparente. Elle a régulièrement accusé l’entreprise de sous-évaluer les recettes provenant de la vente des billets d’entrée.

En 2014, 2,059 millions d’étrangers ont visité les temples. Les recettes provenant de la vente des tickets ont représenté 59,34 millions de dollars.

Selon le directeur de l’Autorité Apsara, depuis 2005, le nouveau contrat entre la société Sokha Hôtel et le gouvernement prévoit la répartition suivante : les taxes représentent 10% du chiffre d’affaire. Les 90% restant sont redistribués entre le gouvernement et Sokha Hôtel, chacun percevant 50% des revenus plafonnés à 3 millions de dollars.
Au-delà de cette somme, l’Autorité Apsara, qui est chargée de la conservation des monuments et du développement du site d’Angkor, reçoit 15% du montant des entrées. Le reste, soit 85%, est divisé entre le gouvernement et la Sokha, selon un ratio de 80% pour l’état et de 20% pour la Sokha.
D’année en année, le nombre de visiteurs augmente. L’entreprise est donc parfaitement viable, souligne Phay Siphan le porte-parole du conseil des ministres, et la création d’un organisme public permettra désormais d’encaisser la totalité des recettes provenant des ventes de tickets.

De son côté le député de l’opposition Son Chhay, l’un de ceux qui a le plus farouchement combattu l’accord passé entre le gouvernement et la Sokimex, a applaudi à l’annonce de cette décision tant attendue: « Je pense sincèrement que cela profitera au pays », a-t-il déclaré. Il a cependant souhaité que le gouvernement enquête sur les malversations auxquelles, selon lui, la Sokimex s’est livrée au cours des 16 dernières années appelant de ses vœux le remboursement des fonds qui se seraient évaporés.

 

Krystel Maurice