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Cambodge: Kem Sokha révoqué de la vice-présidence de l’Assemblée nationale

Les députés du Parti du peuple cambodgien (PPC) au pouvoir ont voté unanimement ce matin la révocation de Kem Sokha, le numéro 2 de l’opposition, de son poste de Premier vice-président de l’Assemblée nationale.
Ce vote dont la légalité est pour le moins douteuse intervient quatre jours seulement après la manifestation d’un millier de supporters du PPC réclamant la destitution de Kem Sokha en raison de ses critiques « haineuses » contre le pouvoir. Ils avaient remis une pétition dans ce sens à l’Assemblée nationale.

A l’issue de cette manifestation, deux députés de l’opposition avaient été passés à tabac par des hommes de main. Ils sont actuellement hospitalisés à Bangkok. Quelques instants plus tard, le domicile de Kem Sokha avait été encerclé par des manifestants qui, six heures durant, avaient jeté pierres et bouteilles contre sa villa dans laquelle se trouvait son épouse. A aucun moment les forces de l’ordre n’étaient intervenues pour les disperser.

Le PPC nie être à l’origine de cette manifestation mais le Premier ministre l’avait publiquement soutenue la veille à Paris, condamnant par la suite les violences commises. Des manifestations avaient également été organisées lundi contre Kem Sokha par des membres des forces armées royales dans les provinces de Oddar Meanchey et de Preah Vihear.

Légalité

Les 68 députés du parti PPC se sont prononcés vendredi en faveur de la révocation de Kem Sokha tandis que les 55 députés du Parti du sauvetage national du Cambodge ont boycotté la session.

Cette session devait être consacrée à un débat sur les modifications du règlement interne de l’Assemblé nationale et à la nouvelle loi pour les élections communales. Mais le comité permanent du PPC qui s’est réuni dans l’urgence juste avant le début de la session a bousculé l’ordre du jour pour inscrire ce vote à l’agenda.

Sur le fond, sa légalité ne manquera pas d’être mise en cause. Selon la constitution du Cambodge, le président de l’Assemblée nationale et les deux vice-présidents ne peuvent en effet être remplacés que s’ils démissionnent ou décèdent.

Mais les responsables du parti au pouvoir ont présenté un tout autre argument qui ne figure nulle part dans les textes. Selon eux, puisque Kem Sokha avait été nommé à ce poste grâce à leur soutien- le PPC détenant la majorité des 123 sièges de l’assemblée- ils auraient à l’inverse le droit de lui retirer cette fonction.

 

Krystel Maurice