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Hun Sen condamne les violences contre les députés d’opposition

Hun Sen lors de son intervention télévisée le 28 octobre.

« Aujourd’hui je demande officiellement aux autorités d’arrêter les auteurs des violences commises contre les deux députés. Nous ne pouvons leur pardonner, qu’ils soient supporters du Parti du peuple cambodgien … ou supporters de l’opposition ».

Après des semaines d’attaques verbales contre l’opposition, c’est un Premier ministre mesuré qui est apparu hier soir à la télévision pour prendre ses distances avec les auteurs des violences commises lundi contre les deux députés de l’opposition.

Nhay Chamroeun et Kong Saphea ont été sauvagement frappés par des hommes de main alors qu’ils sortaient de l’Assemblée nationale de Phnom Penh où un millier de manifestants affiliés au parti au pouvoir réclamaient la destitution de Kem Sokha de la vice-présidence de l’assemblée. Ils accusent le N°2 de l’opposition d’attiser la haine par ses critiques contre le pouvoir.

« La manifestation de Phnom Penh a pu avoir été organisée en réaction aux manifestations de New-York et de Paris, à moins que ce ne soit une coïncidence car l’opposition a l’habitude d’organiser des manifestations sans penser à la dignité de la nation », a commenté le Premier ministre lors de cette rare allocution télévisée au ton très officiel. « Ils (les assaillants) n’étaient pas les manifestants. D’où venaient-ils ? », s’est-il interrogé. « Quoi qu’il en soit, ils doivent être arrêtés et jugés ».

Il a appelé l’Assemblée nationale à régler les frais d’hospitalisation des deux députés qui sont actuellement sous traitement à Bangkok, précisant que Heng Samrin, le Président de l’assemblée nationale avait d’ores et déjà versé 20 000 dollars.

Hier, le gouvernement avait annoncé la création d’une commission chargée d’enquêter sur ces attaques. Composée de huit membres, elle est présidée par Em Sam An, secrétaire d’état au ministère de l’intérieur.

Pour sa part Sam Rainsy, le leader de l’opposition qui dénonçait hier « les méthodes fascistes » du gouvernement, s’est dit satisfait à l’annonce de cette enquête. « Mais j’appelle à une enquête indépendante et impartiale. C’est une occasion en or pour le gouvernement de Hun Sen de montrer qu’il n’y a pas de double standard au Cambodge ». Il s’est dit curieux de voir si l’enquête serait aussi rapidement bouclée que lorsqu’il s’agissait des supporters de l’opposition.

Les photos des assaillants ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux.

Parallèlement à la manifestation organisée devant l’Assemblée nationale lundi, des médias ont diffusé des photos de soldats manifestant lundi le long de la frontière thaïlandaise pour demander également la révocation du mandat de Kem Sokha. Les photos étaient accompagnées d’un courrier de l’adjoint au commandant en chef des forces armées royales, Kun Kim, un proche du Premier ministre depuis les années 70 dans lequel il dénonçait « la propagande mensongère » de Kem Sokha « qui pouvait conduire à la guerre civile ». Il concluait cette lettre en réclamant sa destitution « pour le bien de la sécurité nationale afin que le peuple vive dans la prospérité ».

Interrogé hier sur ces manifestations partisanes de soldats, le général Tea Banh, ministre de la défense, a balayé d’un revers de main la question: « C’est leur droit de soutenir ou de haïr qui ils veulent. C’est un droit individuel ».

 

Krystel Maurice