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Cambodge: deux députés de l’opposition sauvagement battus devant l’assemblée nationale

Les hommes de main en train de frapper le deputé Nhay Chamroeun devant l'assemblée. Photo fournie.

Deux députés de l’opposition cambodgienne, Nhay Chamroeun et Kong Saphea, ont été attaqués lundi par des hommes de main alors qu’ils se trouvaient devant l’assemblée nationale à Phnom Penh.
Plusieurs centaines de personnes appartenant à un groupe de jeunes affiliés au Parti du peuple cambodgien au pouvoir y manifestaient pour réclamer la destitution de Kem Sokha de la vice-présidence de l’assemblée nationale. Ils accusent le N°2 de l’opposition d’attiser la haine entre les adhérents des deux partis et de critiquer le parti au pouvoir.

La manifestation, conduite par Pankhem Bunthan qui dirige une organisation baptisée Fédération de la jeunesse Naga, s’était déroulée calmement sous la surveillance d’importantes forces de police. Mais vers midi, alors que la session de l’assemblée s’achevait, des hommes portant des kramas rouges ont pris à partie les deux députés qui sortaient du bâtiment. L’un après l’autre, ils ont été extirpés de leur véhicule et violemment frappés.

« Ils ont brisé les vitres de ma voiture et m’ont traîné à l’extérieur. Ils m’ont battu et j’ai perdu connaissance un instant », raconte le député Nhay Chamroeun.  Un ou deux d’entre eux portaient des masques, je ne pourrais pas les reconnaître ». Le visage tuméfié, une double fracture du bras et le nez brisée, il a dû être hospitalisé.

« Tandis que je quittais l’assemblée, un homme parlait dans un walkie-talkie, explique le député Kong Saphea. Puis un autre a bloqué notre voiture. Ils m’ont tiré dehors et ont commencé de me battre. J’ai essayé de retourner à la voiture mais une vingtaine d’hommes sont arrivés et ont continué de me frapper. Je pense que cette attaque était programmée ». Aucune force de police n’était plus présente sur les lieux à l’exception de quelques agents de la circulation qui ne sont pas intervenus.

Vidéo montrant l’attaque du député Kong Sakphea.

Durant ce temps, des manifestants s’étaient rendus au domicile de Kem Sokha. Durant six heures, ils ont jeté des pierres contre sa villa dans laquelle son épouse se trouvait, explique Kem Monovithya, la fille du vice-président de l’assemblée. Selon elle, Kem Sokha et plusieurs responsables de l’opposition ont appelé à plusieurs reprises le ministre de l’intérieur pour réclamer l’intervention des forces de police qui ne sont jamais venues.

Hier, les responsables du Parti du peuple cambodgien niaient être à l’origine de cette manifestation en dépit de la présence de certains membres du parti dans ses rangs. La veille, le Premier ministre Hun Sen en visite officielle en France avait également évoqué publiquement ce rassemblement qui devait avoir lieu devant l’assemblée.

Sur sa page Facebook, Sam Rainsy estime que ces violences ont été commises en réaction à la manifestation anti-Hun Sen organisée à Paris la veille. « Avant son départ du Cambodge pour sa visite officielle en France, le premier ministre Hun Sen a bien prévenu ses détracteurs que si des éléments de l’opposition cambodgienne maintenaient leur projet de manifestation contre lui à Paris, ses supporteurs (pro-governementaux) s’en prendraient aux partisans de Sam Rainsy au Cambodge. Chose faite! », écrit-il en dénonçant  « les méthodes fascistes » utilisées par le Premier ministre pour se « cramponner au pouvoir ».

Dans un communiqué, l’ambassade des États-Unis a condamné cette attaque et demande aux autorités de faire toute la lumière sur cette affaire afin d’assurer la sécurité des responsables politiques de tous les partis.

 

 

Krystel Maurice