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Élections législatives: l’opposition rejette les résultats des élections et annonce de nouvelles manifestations

Manifestation du CNRP. Photo Krystel Maurice

Quelques heures après l’annonce des résultats officiels confirmant la victoire du Parti du Peuple Cambodgien du Premier ministre Hun Sen  lors des élections législatives du 28 juillet, l’opposition cambodgienne persiste et signe. Elle rejette ces résultats, continuera d’appeler à des manifestations pacifistes, et boycottera la séance d’ouverture de l’assemblée nationale tant qu’une commission indépendante sur les allégations de fraudes ne sera pas mise en place.

Selon ces résultats, inchangés depuis le soir du scrutin, le Parti Populaire cambodgien remporte 68 sièges tandis que le Parti du Sauvetage national du Cambodge de Sam Rainsy et Kem Sokha se voit attribuer 55 sièges. Toujours selon ces résultats officiels, l’écart entre les deux partis n’est que 289 790 voix, une première dans l’histoire du Cambodge.

La Commission électorale (NEC en anglais) a rejeté les 700 plaintes pour irrégularités déposées par l’opposition. Celle-ci a donc saisi le Conseil Constitutionnel pour que ces plaintes soient réexaminées.
Si celui-ci a ordonné à la NEC de procéder à nouveau à quelques vérifications, les conditions dans lesquelles celles-ci ont été effectuées ont été vivement critiqués par les observateurs indépendants qui y assistaient.
Quoiqu’il en soit, le Conseil constitutionnel a rejeté, in fine, toutes ces plaintes, relevant seulement quelques « fautes techniques sans incidence » sur le résultat final.

Nouvelles manifestations les 15, 16 et 17 septembre

 

Lors d’une conférence de presse hier après midi, Sam Rainsy, le leader de l’opposition, a souligné que l’annonce des résultats officiels n’était en rien « surprenante ». « Le PCC avait  préparé les résultats depuis longtemps, la Commission électorale et le Constitutionnel y ont apposé leurs tampons ».

Il  a annoncé la tenue d’une série de manifestations dont les premières se dérouleront du 15 au 17 septembre. D’autres pourraient suivre. « Cela pourrait prendre du temps. Pas seulement une journée ou une matinée, mais cela pourrait durer des jours, voire des semaines », prévient-il. Cette contestation, précise-t-il, pourrait prendre plusieurs formes qui seront annoncées au fur et à mesure: meeting, sit-in ou encore une longue marche, comme Gandhi en a mené.

Il a également appelé les gouvernements étrangers à ne pas reconnaitre le résultat de ces élections.

C’est donc bien une guerre d’usure d’un nouveau genre qui se profile aujourd’hui dans un Cambodge à l’avenir des plus incertains.

Pour la première fois depuis la guerre civile, l’opposition unie a su se faire entendre. Ses électeurs, en grande majorité des jeunes, veulent en finir avec un pouvoir autoritaire, clanique et corrompu. Ils affirment «s’être fait voler la victoire », revendiquent sans peur « justice et démocratie » et réclament le changement. Mais combien de temps manifesteront-t-ils encore ?

Face à eux, le pouvoir a déployé ses forces armées dans et autour de la capitale. Blindés, policiers et militaires se tiennent prêts à intervenir. En dépit de sa victoire proclamée, le Parti du Peuple Cambodgien du Premier ministre Hun Sen a bel et bien enregistré un déclin historique du nombre de ses suffrages et sort fortement ébranlé de ce scrutin.
Mais il n’acceptera pas, comme le demande l’opposition, la mise en place d’une enquête sur les fraudes. « La porte reste ouverte pour des suggestions mais les résultats [du scrutin] ne sont pas discutables », déclarait hier Khieu Kanharith, le ministre de l’information et porte parole du PCC.

L’impasse politique est donc totale. Chaque camp attendant de l’autre qu’il commette un faux pas.

 

Krystel Maurice